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Traité no 1 : vers la création de l’Ouest canadien

Une médaille sur laquelle sont gravés un chef autochtone et un officier britannique se serrant la main.

Des médailles étaient remises afin de commémorer les traités numéros 3 à 8.

Photo : Bibliothèque et Archives Canada,1964-1-1M / e000009998, e000009998_s1

Le 150e anniversaire du Traité no 1 sera souligné le 3 août au Manitoba. Les célébrations se dérouleront au Lower Fort Garry, là où ce premier traité a été signé par des représentants de la Couronne et les peuples autochtones qui occupaient les territoires.

Nous nous trouvons sur les territoires non cédés de…, Nous reconnaissons que nous sommes sur le territoire du Traité no 1. Ces expressions sont de plus en plus utilisées au début de discours politiques ou dans la biographie de certains utilisateurs dans les réseaux sociaux.

Une carte montre la répartition des onze traités numérotés en jaune qui s'étendent de l'Ontario aux Territoires du Nord-Ouest.

Onze traités ont été conclus entre le Canada et les Premières Nations entre 1871 et 1921. Ces traités procuraient au gouvernement de l'époque des terres pour le développement industriel et l'établissement de colons. Le Traité no 1 a été le premier à être signé.

Photo : Radio-Canada

De nombreux Canadiens, cependant, ne connaissent toujours pas l’histoire à l'origine de ces expressions. Le Traité no 1 a notamment été crucial pour le développement de l’Ouest canadien.

Avide de territoires

À la naissance de la Confédération, en 1867, le Canada est constitué du Québec, de l’Ontario, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Le nouveau pays veut s’étendre sur la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest afin de faciliter la colonisation de l’ouest et le développement agricole.

Sur une carte, le Dominion du Canada est représenté en rouge pâle, la Terre de Rupert en rouge et les Territoires du Nord-Ouest en rouge foncé.

En 1867, le Dominion du Canada était constitué de l'Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Le pays souhaitait obtenir la Terre de Rupert, qui appartenait à la Compagnie de la Baie d'Hudson, et les Territoires du Nord-Ouest.

Photo : Radio-Canada

La Couronne décide de conclure des accords avec les personnes qui habitent ces terres afin d'acquérir des territoires. Le premier accord est officialisé le 3 août 1871, au Lower Fort Garry, par la signature du Traité no 1 entre le Canada, la nation Anishinaabe et la nation moskégonne, du sud du Manitoba.

Cet accord stipule notamment que les Autochtones qui vivent sur le territoire doivent « céder » au gouvernement de l'époque une portion considérable de ce qui est aujourd'hui le sud-est et le centre-sud du Manitoba.

Un début de relation

Le Traité no 1 est pourtant beaucoup plus qu’un simple document écrit relié à une question de territoire.

Loretta Ross, commissaire aux traités à la Commission des relations découlant des traités du Manitoba (TRCM), explique que la lecture du texte écrit est insuffisante pour comprendre ce qui s'est passé.

[Le Traité no 1 marque] le début d'une relation. Et il y a cette phrase que les peuples des Premières Nations utilisent, selon laquelle cette relation durera aussi longtemps que le soleil brillera, que l'herbe poussera et que l'eau coulera.

Une citation de Loretta Ross, commissaire aux traités à la Commission des relations découlant des traités du Manitoba

Cette réciprocité entre les deux parties devait procurer à chacune des avantages. Pour le gouvernement canadien, cette relation lui permettait, entre autres, d’avoir de nouvelles terres pour accueillir des colons européens dans l’Ouest.

Pour les Autochtones, les traités représentaient une manière d’échanger et de partager le territoire qu’est maintenant le Manitoba, explique Harry Bone, membre de la nation ojibwée Keeseekoowenin et aîné du Traité no 2 pour la Commission des relations découlant des traités du Manitoba.

De notre côté, le Traité nous permettait de maintenir et de conserver nos langues, nos cérémonies, nos moyens de subsistance, la façon dont nous faisions les choses dans le passé. Le gouvernement était censé respecter ces promesses aussi, mais quelque chose de terrible est arrivé en cours de route, rappelle-t-il.

Des promesses brisées

Plusieurs promesses avaient été faites oralement par la Couronne, comme celle de laisser les Autochtones pratiquer leurs activités sur les territoires. Cependant, ces engagements n'ont pas été écrits dans le Traité.

Cinq ans après la signature du Traité no 1, la Loi sur les Indiens entrait en vigueur, ce qui venait briser toutes ces promesses.

Un pensionnat pour Autochtones se trouve sur un vaste terrain.

Le pensionnat de Sandy Bay avant son agrandissement, en novembre 1939.

Photo : Bibliothèque et Archives Canada

Je pense que les pensionnats pour Autochtones ont fait beaucoup de dégâts. Mon mari et moi sommes des survivants, nous avons été forcés de ne plus parler nos langues, se rappelle douloureusement Florence Paynter, aînée du Traité no 1 pour la TRCM et membre de la Nation crie de Norway House.

Florence Paynter parle d'une relation de confiance rompue.

Le Canada n'a pas été juste avec nous, il n'a pas respecté sa part du marché.

Une citation de Florence Paynter, aînée du Traité no 1 pour la Commission des relations découlant des traités du Manitoba

La Loi sur les Indiens interdisait notamment aux membres ou communautés des Premières Nations de pratiquer leurs cérémonies religieuses, de tenir des rassemblements culturels ou de présenter des revendications territoriales.

Vers de meilleures relations

Pour la plupart, souligner les 150 ans du Traité no 1 est l’occasion de comprendre l’importance des relations entre le gouvernement et les Autochtones, d’ouvrir la discussion et d’avancer main dans la main.

Pour nous, ce n'est pas une célébration du Canada ou du Manitoba, mais plutôt une célébration de la résilience, du fait que nous sommes toujours là... C'est ce que nous célébrons : nos langues, nos cérémonies, notre histoire et la façon dont nous nous sommes tenus la tête haute en tant que peuple anishinaabe.

Une citation de Harry Bone, aîné du Traité no 2 pour la Commission des relations découlant des traités du Manitoba

Selon Loretta Ross, tout Canadien a le devoir de s'informer sur la nature de ces relations et de connaître l’histoire qui a forgé le pays.

Je pense que c'est un défi pour tout le monde de sortir de sa zone de confort, de faire des recherches au-delà de Google pour comprendre ce que sont les traités et les relations, et d'ouvrir le dialogue, souligne-t-elle.

Loretta Ross croit qu’il est temps de traduire les paroles en changements concrets.

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