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Carence en vitamine D : l’enrichissement alimentaire peut-il y remédier?

Une personne sur trois manque de vitamine D au pays, selon les plus récentes données de Statistique Canada. C’est plus de 13 millions de Canadiens qui manquent de ce nutriment essentiel à la santé. Leur alimentation peut-elle y remédier?

Du saumon, des sardines, des œufs, des produits laitiers, du persil et des champignons disposés sur une table, vus en plongée.

Les poissons gras et les sardines sont de bonnes sources naturelles de vitamine D.

Photo : iStock / happy_lark

Étant donné leur situation géographique, il est impossible pour les Canadiens d’absorber le soleil par la peau de la même manière que les habitants de l’hémisphère Sud. Or, la peau a besoin du soleil pour métaboliser la vitamine D. Malheureusement, ce nutriment se retrouve naturellement dans bien peu de sources alimentaires. L’épicerie fait donc la lumière sur les façons de combler les carences en vitamine D, en s’intéressant aux aliments qui en sont enrichis.

La vitamine D, c'est un enjeu qui vaut même une recommandation dans le guide alimentaire, fait remarquer Véronique Provencher, directrice de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire à l’École de nutrition de l’Université Laval, à Québec.

Favorisant l’absorption du calcium par le corps, la vitamine D joue un rôle immensément important dans la structure osseuse, explique Michel Lucas, épidémiologiste et chercheur à la Faculté de médecine de l’Université Laval. Une déficience en vitamine D va amener des os qui sont minces, fragiles et qui risquent de se déformer.

L’exposition au soleil permet la synthèse de la vitamine D par la peau. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut exposer au moins 25 % de la surface de notre peau, c'est-à-dire le visage, le cou, les bras, les mains. On parle de 5 à 30 minutes entre 10 h et 16 h, précise le Dr Lucas.

Une femme expose son visage au soleil.

Les rayons ultraviolets B absorbés par la peau permettent la formation de vitamine D3 à partir du 7-déshydrocholestérol, lui-même un dérivé du cholestérol qui déjà présent dans l'organisme.

Photo : iStock

L’ennui, c’est que dans les pays nordiques, les rayons UV se font moins intenses d’octobre à avril. Il faut donc miser sur d’autres sources pour compenser la déficience en vitamine D, notamment la nourriture. Malheureusement, il s’en trouve dans peu d’aliments.

On trouve notamment la vitamine D dans les jaunes d’œuf, dans certains champignons, dans le foie de veau, dans l’huile de foie de morue et dans les poissons gras comme le saumon, la truite, le thon, le hareng, les sardines et le maquereau, même en conserve. Mais peu d’entre eux fournissent de façon naturelle une quantité substantielle de vitamine D.

Une mesure de santé publique

Depuis 1975, partout au Canada, l’enrichissement en vitamine D du lait de vache et de la margarine est obligatoire.

Quand on enrichit de façon obligatoire, c’est parce qu’il y a un déficit de ce nutriment dans la population. On vient donc enrichir les aliments qu’on est certain que la population mange, explique Maya Villeneuve, directrice associée du Bureau des sciences de la nutrition, à la Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada.

Pendant plusieurs années, en Amérique du Nord, la carence en vitamine D dans la population s’est traduite par du rachitisme chez les enfants, rappelle Michel Lucas. Un phénomène que les autorités publiques ont été à même de constater.

Habituellement, ce sont les enquêtes sur la santé qui se font auprès de la population qui nous donnent les indicateurs, explique Maya Villeneuve.

Comme le lait était un aliment consommé par une grande majorité de personnes, l’enrichir de vitamine D était une bonne option, fait valoir Véronique Provencher.

Un carton de lait, sur lequel on peut lire « additionné de vitamines A et D ».

L’enrichissement en vitamine D du lait de vache et de la margarine est obligatoire au Canada depuis 1975.

Photo : Radio-Canada / L'épicerie

Mais de nos jours, avec les changements d’habitudes alimentaires dans la population, comme le végétarisme et le véganisme, bon nombre de gens ont délaissé le lait de vache et la margarine, ce qui a amené Santé Canada à modifier sa politique d’enrichissement alimentaire.

À travers les années, on a introduit d'autres sources de vitamine D au niveau de l’approvisionnement alimentaire. Par exemple, les gens consomment de plus en plus de boissons à base de végétaux. Donc, on a permis l'enrichissement facultatif de ces boissons, poursuit Mme Villeneuve.

Les fabricants de boissons végétales ont le choix d’enrichir ou pas leurs produits au Canada. Comment s’y retrouver à l’achat?

La boisson de soya, habituellement, va être en majorité enrichie parce que c'est souvent l'aliment qui va être le remplaçant favorisé pour le lait de vache, à cause de la quantité de protéines, explique Mme Provencher. Pour les autres types de boissons végétales, ce n’est pas aussi clair.

Si on choisit une boisson à base d'amandes, d'avoine ou de riz, tout est possible. Il y a des fois où, pour une même marque, une boisson va être enrichie et l'autre pas. Mais les étiquettes se ressemblent vraiment beaucoup. Il faut vraiment lire l’étiquette comme il faut.

Une citation de Véronique Provencher, directrice de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire à l’École de nutrition de l’Université Laval

D'autres aliments bientôt enrichis en vitamine D

Santé Canada compte élargir au printemps prochain la liste de produits alimentaires auxquels les fabricants pourront ajouter de la vitamine D s’ils le souhaitent. Surveillez bien le yogourt, le kéfir et les œufs : ils feront partie de la liste.

L’objectif de ces nouveaux enrichissements facultatifs? S’adapter à la diversité culturelle, à certains groupes de la population qui ne consomment pas de lait et qui mangent différemment.

Un œuf sur lequel il est écrit la lettre D.

Ce printemps, Santé Canada compte élargir sa liste de produits, dont les œufs, auxquels les fabricants pourront ajouter de façon facultative de la vitamine D.

Photo : Radio-Canada / L'épicerie

Il n’y a pas un aliment qui va nécessairement nous permettre de rejoindre tout le monde, convient Maya Villeneuve. C’est pour ça qu'on met plusieurs options sur le marché, pour que les gens puissent réussir à combler leurs besoins.

Quand vient le temps de reconnaître l’efficacité de ces nouveaux accommodements alimentaires, Michel Lucas demeure prudent. Il faut voir quel est le niveau de vitamine D qu'il va y avoir dans ces produits et ce que ça va amener comme quantité si les gens les consomment de manière régulière, fait-il valoir.

Malgré toute la bonne volonté de la population, il s’avère souvent difficile de combler ses besoins en vitamine D par l’alimentation seulement.

La meilleure façon, c'est la supplémentation, actuellement, assure Michel Lucas. L’alimentation, ce n'est pas ce qui va augmenter de façon fulgurante le niveau de vitamine D. Donc, il faudrait peut-être opter pour un supplément de multivitamines ou tout simplement de la vitamine D prise seule.

Le reportage de Myriam Fehmiu, Julie Perreault et Caroline Gagnon

Le Guide alimentaire canadien recommande aux adultes de 51 ans et plus de prendre un supplément quotidien de 400 unités internationales de vitamine D, soit 10 microgrammes.

Pourquoi cette tranche d’âge en particulier? Parce qu'on sait que, pour ces gens-là, il peut être parfois plus difficile de combler leurs besoins avec l'alimentation, explique Véronique Provencher.

Les résultats d’une enquête de Statistique Canada sur les niveaux de vitamine D, portant sur la période 2007-2019, sont clairs : les Canadiens souffrent d’une déficience en cette matière. Cette situation inquiète Michel Lucas, qui a pris le temps d’analyser l’enquête et de la comparer avec les précédentes.

C’est assez accablant comme résultat. C’est qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil; ce sont les mêmes résultats depuis 2011.

Une citation de Michel Lucas, épidémiologiste et chercheur, Faculté de médecine de l’Université Laval

Ce qui le préoccupe particulièrement, c’est l’insuffisance en vitamine D chez 45 % des jeunes. Le problème le plus grave, je crois, c’est pour les 12 à 19 ans et les 20 à 39 ans, parce que c’est là où le pic de croissance est le plus important et où la vitamine D joue un rôle immensément important dans la structure osseuse.

Il y a encore du travail à faire au niveau de l'enrichissement alimentaire pour s'assurer que la plupart des Canadiens aient des apports suffisants, reconnaît Maya Villeneuve.

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