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Le mème de Travis Kelce, ou la célébration des émotions masculines au Super Bowl

Un joueur de football américain crie au visage d'un entraîneur lors d'une partie.

Le Super Bowl LVIII a eu lieu dimanche à Las Vegas et a opposé les 49ers de San Francisco et les Chiefs de Kansas City.

Photo : Getty Images / Jamie Squire

Que vous ayez regardé ou non le Super Bowl dimanche soir, une simple visite sur les réseaux sociaux vous mettra sur la piste d’une image du footballeur américain Travis Kelce en train de bousculer Andy Reid, l'entraîneur des Chiefs de Kansas City.

Le moment a été capté après que le numéro 87 eut été exclu du jeu, à un moment critique du deuxième quart. L’engueulade a mis un peu d’action dans cette partie qui ne comptait alors ni botté ni touché, créant quasi instantanément un mème viral.

Lors d'événements vécus par une grande portion de la population en simultané, comme le Super Bowl, il y a toujours une réaction. [...] On vit le moment en groupe et on le décompose en groupe pour en extraire un sens, explique Jean-Michel Berthiaume, docteur en sémiologie, qui compare le Super Bowl au Bye bye, revue de fin d'année qui est l'événement télévisuel le plus regardé au Québec.

L’image de Travis Kelce et de son entraîneur n’est pas sans rappeler d’autres mèmes, comme Girl Explaining (fille qui explique), dans lequel on voit une jeune femme expliquer activement quelque chose à son copain, qui semble s'ennuyer. Cette familiarité, voire cette génétique du mème, s’explique par le flair des artistes du web.

Les personnes qui créent des mèmes ont un bon instinct. Ils voient l’événement, sentent qu’il est "mèméfiable" et vont aller capter le moment extrêmement précis où l’on cristallise l’émotion. Il y a ici un acte de lecture de l’image qui est très forte, indique Jean-Michel Berthiaume.

Une expression de la masculinité stéréotypée

Le Super Bowl est, d’après l’expert, la fête des émotions masculines.

Cet événement sportif, c’est là où l’homme stéréotypé, donc qui ne montre pas ses émotions, est libéré. Il peut crier, hurler, pleurer, se sentir comme il veut par le canal de l’expression sportive comme justification pour se comporter ainsi, souligne-t-il.

Donc le mème, pour le meilleur et pour le pire, montre un des aspects de la masculinité un peu toxique, admet le spécialiste en culture populaire. On le voit dans tous les sports, cet athlète qui se croit invincible; même si l’administration lui dit qu’il peut aller se rasseoir, il croit être ce qu’il y a mieux pour sauver l’équipe.

De plus, dimanche, tous les projecteurs étaient braqués sur Travis Kelce, ce joueur-vedette en couple avec la chanteuse américaine Taylor Swift, personnalité de l’année selon le magazine Times.

Le paratexte – qui est l’histoire d’amour entre Travis Kelce et Taylor Swift – était quasiment plus important que le texte lui-même, qui est l’événement sportif, note Jean-Michel Berthiaume.

Le football est à son sommet quand il raconte une histoire. Le mème de Travis Kelce, c’est le crescendo de cette histoire.

Une citation de Jean-Michel Berthiaume

Il y a quelque chose de beau dans le héros romantique, qui est le chum de l'artiste qui fédère les femmes, stéréotypiquement parlant : Taylor Swift a permis à plein de femmes de vivre des émotions et d’en parler. Travis Kelce, en tant qu’homme, fédère ses émotions et se permet des moments de vulnérabilité romantique, analyse-t-il.

Vous allez écouter la version de Taylor et seulement la version de Taylor! parodie cet internaute, faisant référence aux albums réenregistrés de Taylor Swift afin qu'elle puisse avoir la mainmise sur ses œuvres.

Cet internaute choisit pour sa part de dire que Taylor Swift laissera tomber Travis Kelce et écrira une chanson à ce sujet.

Swifties aux barricades

Il n’en a pas fallu plus pour mobiliser les Swifties, nom qu’on donne aux fans de Taylor Swift, qui ont appelé sur les réseaux sociaux la chanteuse à se séparer de Travis Kelce pour son comportement, vu comme un drapeau rouge.

L’expert en culture populaire rappelle toutefois qu’il ne faut pas tomber dans le piège d'interpréter cette image comme une généralité : Est-ce que cette tranche de vie, cette fraction de seconde de Travis Kelce, est représentative de l’humain en général? Je ne pense pas qu’on soit en position de dire ça.

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