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AnalyseNorthvolt : l’erreur de calcul du gouvernement

Pressée d’agir, la CAQ semble prise de court par toutes les questions que soulève le projet.

François Legault en conférence de presse devant des drapeaux du Québec.

Jeux de coulisses, montage financier, aménagement du site… le projet allait inévitablement être examiné sous toutes ses coutures. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Dans les jours ayant précédé l’annonce officielle de la venue de Northvolt au Québec, des conseillers du gouvernement s’étaient activés en coulisses. On voulait convaincre les journalistes du bien-fondé du projet et, surtout, faire valoir que les contribuables en auraient pour leur argent. Québec et Ottawa s’apprêtaient à investir plus de 7 milliards de dollars de fonds publics dans l’aventure et on redoutait la réaction de l’opinion publique.

Si des observateurs se sont interrogés sur l’occasion d’investir autant d’argent dans le projet d’une jeune pousse étrangère et que d’autres ont remis en question ses choix technologiques, l’accueil s’est avéré plutôt positif. Il s’agissait après tout, comme l’avait lui-même souligné François Legault, du plus important investissement privé de l’histoire récente du Québec.

Prêt à se défendre sous l’angle économique, le gouvernement semble toutefois avoir été pris de court par les questions d’ordre environnemental. Sa rhétorique n’est visiblement pas au point, même s’il a plusieurs bons arguments à faire valoir.

Il était pourtant écrit dans le ciel qu’un si gros investissement ne manquerait pas de retenir l’attention des médias, comme des groupes de la société civile. Jeux de coulisses, montage financier, aménagement du site… le projet allait inévitablement être examiné sous toutes ses coutures.

Les vertus environnementales de la CAQ

Depuis qu’elle a été élue en 2018, la CAQ suscite les critiques des groupes environnementaux, qui lui reprochent constamment de ne pas en faire assez. En faisant du développement de la filière batterie le cœur de sa politique de développement économique, le gouvernement pensait faire taire ses détracteurs. Surtout, il a pris le pari que la réputation dont jouit l’entreprise suédoise achèverait de convaincre les plus sceptiques.

C’est sans doute cet état d’esprit qui explique les réactions à fleur de peau du premier ministre et de son ministre de l’Économie face aux interrogations qu’on entend. Le premier appelle les Québécois à changer d’attitude, tandis que le second s’inquiète pour la réputation du Québec et pour sa capacité à attirer ici de grandes entreprises étrangères. On constate surtout que les deux hommes se sentent visés quand on critique leur projet.

Ce n’est pourtant pas tant les vertus écologiques du projet à proprement parler qui suscitent le plus de questions. Le Centre québécois du droit de l’environnement a bien tenté de faire suspendre les travaux préparatoires sur le site de l’entreprise, mais ses prétentions n’ont pas convaincu le tribunal, du moins au stade de l’injonction.

En revanche, on a l’impression que le gouvernement, enthousiasmé par la perspective de voir Northvolt s’établir au Québec, était prêt à tout pour attirer l’entreprise. Il est pourtant normal et prévisible que le rejet d’un projet immobilier par le ministère de l’Environnement, quelques mois à peine avant l’annonce officielle de Northvolt, suscite des interrogations. La même chose vaut pour le changement de réglementation encadrant la tenue de consultations de la part du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

De passage à l’émission Tout un matin, Pierre Fitzgibbon a concédé mardi qu’il aurait eu intérêt à mieux présenter les choses. Si on avait à refaire tout ça, il aurait pu y avoir une meilleure communication. Ça, je l’admets, a-t-il déclaré.

Des oppositions critiques, mais favorables

De nombreuses nuances se sont bien sûr perdues dans le débat. Loin d’être l’oasis de verdure et de pureté que certains décrivent, le site retenu par Northvolt porte encore les traces de son lourd passé industriel. Quant aux travaux du BAPE, ils n’ont pas toujours eu l’effet fédérateur qu’on leur a prêté ces dernières semaines. Pensons aux conclusions de l’institution qui ne recommandait pas d’aller de l’avant avec le projet de tramway à Québec.

Tout n’est pas perdu pour autant. En dépit de leurs nombreuses critiques, les trois partis d’opposition se disent favorables au projet.

Le problème d’acceptabilité sociale, le gouvernement est en train de le créer de toutes pièces, a dit Gabriel Nadeau-Dubois.

Il n’y a aucune de nos critiques qui sont à l’encontre de Northvolt, mais bien du gouvernement qui, en voulant faire vite, donne l’impression de contourner les règles […]. Il faut faire avancer le projet, mais dans l’ordre, a renchéri Joël Arseneau.

Dans la lettre qu’il a publiée cette semaine, Pierre Fitzgibbon écrivait que réaliser de grands projets est plus long, plus complexe et plus coûteux au Québec que presque partout ailleurs dans le monde.

L’erreur du gouvernement aura précisément été de ne pas prendre en compte ces éléments de contexte particuliers dans sa manière d’aborder le dossier. Il aurait surtout eu avantage à ne pas tenir pour acquis que le projet passerait comme une lettre à la poste, du simple fait qu’il est associé à l’environnement et à la transition énergétique.

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