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Nouveau régime canadien d’assurance dentaire : entre popularité et confusion

Une dentiste examine les dents d'une jeune femme.

Les premiers soins couverts par le nouveau régime canadien d'assurance dentaire seront offerts en mai.

Photo : Getty Images / skynesher

Alors que le Québec veut se retirer du nouveau régime canadien d’assurance dentaire créé par Ottawa, force est d'admettre que ce régime a la cote auprès des Québécois. C’est dans cette province que le programme est le plus populaire au pays.

Près de 1,4 million de Canadiens se sont inscrits jusqu’à maintenant au régime d’assurance dentaire. Le tiers de ces inscriptions sont au Québec. Mais à quelques semaines des premiers rendez-vous, il y a encore bien de la confusion au sujet de ce programme, tant du côté des professionnels de la santé que de celui des bénéficiaires.

Le reportage de Valérie Gamache

Le NPD en tournée

Pour s’assurer de faire connaître ce programme, le député néo-démocrate Alexandre Boulerice a entrepris la tournée des résidences pour personnes âgées (RPA) de sa circonscription, une occasion de fournir de l’information et de rappeler aux électeurs que le programme fait partie de l’entente que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a conclue avec les libéraux pour qu’ils puissent se maintenir au pouvoir.

Des personnes âgées attablées et Alexandre Boulerice.

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice a visité une douzaine de résidences pour personnes âgées afin d'expliquer le nouveau programme.

Photo : Radio-Canada

Dans la cafétéria d’une RPA de la rue Papineau, à Montréal, le député distribue des dépliants avant de s’adresser aux résidents. « Si vous vous inscrivez, vous allez pouvoir aller chez le dentiste et vous n’allez pas avoir à débourser de l’argent et, après, vous faire rembourser », explique le chef adjoint du NPD. « La facture va être envoyée directement à Ottawa. Ça peut être une prothèse, des implants ou un dentier. Tout ça est couvert », précise-t-il à une foule captivée par ce sujet.

Parmi les résidents particulièrement attentifs se trouve Jules Plourde. J’ai une prothèse en haut, mais celle d’en bas, maintenant, elle est trop grande, alors je ne la porte plus depuis au moins quatre ou cinq ans raconte-t-il en s’excusant pour le problème d'élocution que cela lui occasionne.

Un homme d'un certain âge.

Jules Plourde, 82 ans.

Photo : Radio-Canada

Âgé de 82 ans, il fait partie des premiers groupes d’âge à s'inscrire, et maintenant, il attend impatiemment de pouvoir prendre rendez-vous. Son député lui annonce qu’il faudra attendre jusqu'au mois de mai.

« Faire des prothèses, c’est au moins 3000 $ minimum, et ça, on ne les a pas tous, les sous », dit-il. « Notre bas de laine commence à s'amincir pas mal », poursuit M. Plourde. Mais il devra probablement puiser dans ses économies.

Les honoraires remboursés par le gouvernement sont souvent beaucoup moins élevés que la grille de tarification des denturologistes, et Ottawa leur permet de facturer la différence aux patients.

Les denturologistes sur la ligne de front

Puisque les personnes âgées sont les premières personnes admissibles à ce régime, l’engouement pour ce programme complique la tâche des denturologistes. En effet, les personnes âgées représentent près de 80 % de leur clientèle.

Au Québec, on est la province la plus édentée à la grandeur du Canada. Il y a un besoin réel en prothèses.

Une citation de Raymond Lagacé, président de l’Ordre des denturologistes du Québec
Raymond Lagacé.

Raymond Lagacé, président de l'Ordre des denturologistes du Québec

Photo : Radio-Canada

Le président de l’Ordre des denturologistes ne remet pas en doute la nécessité du programme et il invite ses membres à y adhérer, mais Raymond Lagacé n’hésite pas à dire que les denturologistes sont les cobayes de ce régime et qu’ils en font présentement les frais.

Les gens reportent tous leur rendez-vous, évidemment, ils attendent que ce soit gratuit, constate Linda Gaudreault. Cette denturologiste de Saguenay estime que sa clientèle a chuté de 75 % depuis que le gouvernement a annoncé son programme, en décembre. À l’inverse, elle s’attend à crouler sous la demande lorsque les frais seront remboursés. « Le problème principal, c’est que ça a été annoncé trop rapidement. Ce n’était pas prêt à mettre en application », ajoute-t-elle.

Il faut que les gens s’attendent à avoir une partie à payer de leur poche.

Une citation de Linda Gaudreault, denturologiste

Elle reproche aussi au gouvernement de ne pas avoir donné l’heure juste à propos de la tarification. Elle donne l’exemple d’une prothèse supérieure pour laquelle le programme va lui rembourser 1226 $. J’ai fouillé dans mes dossiers pour voir à quelle date on chargeait ces honoraires-là. C'est il y a plus de 10 ans. Les patients vont avoir de 30 à 40 % [du montant] à payer.

Linda Gaudreault.

La denturologiste Linda Gaudreault déplore la confusion qui entoure la création du nouveau régime.

Photo : Radio-Canada

Le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, admet de son côté qu’il existe des écarts dans les grilles tarifaires, mais cela ne l’inquiète pas. Il y a des questions légitimes que plusieurs se posent. C'est normal, puisque c’est la première fois de l'histoire du pays qu’un tel programme est mis en place, dit-il.

Les tarifs remboursés par le gouvernement canadien sont dans la plupart des cas très proches des grilles tarifaires des associations, mais il existe plusieurs cas [où] c’est inférieur.

Une citation de Jean-Yves Duclos, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement

Il reconnaît par ailleurs que bien des fils restent à attacher. En tout, c’est neuf millions de Canadiens qui seront admissibles, la moitié en 2024 et l’autre moitié en 2025. Alors on va probablement en parler un bon bout de temps, conclut-il.

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