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Des plaintes s’accumulent à Beauport pour l’incivilité des automobilistes

Plusieurs véhicules circulant sur la rue étroite.

L'avenue Royal est très passante.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Vigeant

Les piétons et cyclistes ont peur sur un des tronçons de l’une des plus anciennes routes d’Amérique du Nord. Ils sont nombreux à déplorer le manque de civisme de la part des automobilistes sur l’avenue Royale à Beauport, notamment. En 2023, plus de 3000 infractions au Code de la sécurité routière ont été transmises à la Ville de Québec.

Les autos passent super vite, la limite est à 40 ici, mais les gens ne roulent jamais à 40. Les gens ne font pas leurs stops. J'ai deux enfants et je me fais couper au stop quand je veux traverser. C'est assez dangereux, je dirais, estime une résidente riveraine de l’avenue, Émilie Harvey, qui a elle-même fait une plainte au 311.

Selon, une autre résidente de la rue, Julie Picard, le phénomène est en hausse dans les dernières années, tant pour le nombre de véhicules qui y circulent que pour la vitesse à laquelle ils roulent.

Émilie Harvey sur le trottoir avec des maisons derrière elle.

Émilie Harvey habite sur l'avenue Royale depuis environ deux ans et demi.

Photo : Radio-Canada / Jérémie Camirand

Imaginez tous les gens qui se plaignent, mais qui ne font pas la démarche auprès de la Ville. C’est un peu la pointe de l’iceberg, avance celle qui est aussi coordonnatrice de l'Association des résidents et amis du site patrimonial de Beauport. Lors de son entrevue, les caméras de Radio-Canada ont d’ailleurs capté de nombreuses entorses au Code de la sécurité routière.

Une première version de ce texte mentionnait que 3000 plaintes concernaient seulement l'avenue Royale, c'est plutôt 3000 plaintes pour la ville au complet.

C’est sûr que c’est vraiment préoccupant de voir le nombre de plaintes qui sont adressées à la Ville, mais en même temps, c’est une excellente nouvelle que les personnes fassent ces plaintes-là parce que ça va permettre de mieux connaître l’information, remarque pour sa part la présidente de l’organisme Piétons Québec, Jeanne Robin.

Même lorsque le Code de la route est suivi par les automobilistes, Émilie Harvey ne se sent pas respectée comme piétonne. Même si elle fait son stop et que j'ai un contact visuel avec le chauffeur, il repart vite, même si je suis encore dans la rue. On dirait un manque de civisme, observe-t-elle.

Face au sentiment d’insécurité, la résidente du secteur dit parfois se rabattre sur le choix de l’auto pour se déplacer, même lorsque sa destination n’est pas loin. J'habitais en ville avant, je faisais toutes mes commissions à pied, c'est ça que je voudrais faire ici, puis je n'ose pas tant le faire, souligne-t-elle.

Les défis d’une artère patrimoniale

Les premières traces de l’avenue Royale datent de 1669, son premier tronçon portait alors le nom de rue de Beauport. Elle suit une partie du tracé de l’ancien chemin du Roy, la première route qui reliait Saint-Joachim à Montréal en longeant le fleuve Saint-Laurent à l’époque de la Nouvelle-France.

Une maison lourdement endommagée.

Des bâtiments comme la maison Édouard-Groleau témoignent de l'âge vénérable de l'avenue Royale.

Photo : Radio-Canada / Bruno Boutin

L’artère bordée par nombreuses maisons patrimoniales n’a donc pas été construite selon les considérations actuelles. Elle est particulièrement étroite par secteur, donnant aussi sur des intersections qui offrent peu de visibilité.

La circulation automobile se fait dans les deux sens, mais en contrepartie, soit il n’y a pas de trottoir sur certains segments, soit il est très étroit ou soit il n’est présent que d’un seul côté.

La Ville en réflexion

La Ville de Québec est d’ailleurs elle-même au courant des problèmes de sécurité et de confort sur l’avenue Royale. Des réflexions ont été amorcées sur le réaménagement du tronçon entre le boulevard François-De Laval et le boulevard des Chutes, dans le cadre de son programme de rues conviviales.

En janvier et février, les citoyens étaient invités à répondre à un questionnaire en ligne sur la mobilité active et la sécurité. D’autres activités de participation publique sont à venir en 2024 et en 2025.

Émilie Harvey aimerait tout de même voir des changements à plus court terme. C'est le statu quo pour l'instant, il n'y a rien qui se passe. J'aimerais ça avoir moins peur pour ma famille et pouvoir prendre l'autobus de manière sécuritaire. J'aimerais que la Ville fasse quelque chose, réclame-t-elle.

À plus long terme, elle se permet de rêver d’un jour voir un trottoir des deux côtés et des traverses piétonnes plus sécuritaires et plus visibles.

Un segment de l'avenue qui n'a qu'un seul trottoir.

Un segment de l'avenue qui n'a qu'un seul trottoir.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Vigeant

L’Association des résidents et amis du site patrimonial de Beauport plaide notamment pour l'élargissement des trottoirs et l’installation d'aménagement qui encouragent les automobilistes à réduire leur vitesse. Il y a plusieurs solutions éprouvées, alors on attend que ce réaménagement-là puisse se faire, affirme Julie Picard.

Des souhaits qui rejoignent ce que propose Jeanne Robin pour sécuriser l’avenue, dont l'aménagement de trottoirs traversants, de saillies de trottoirs et d'éclairage des traverses de piéton. Ce sont de mesures qui sont très efficaces et qui en plus améliorent la qualité de vie le long des petites artères, souligne-t-elle.

Assurer la sensibilisation par l'aménagement est vraiment le plus efficace. Avec des rues conçues pour limiter la vitesse, on n’a même pas besoin d’y penser, on va respecter la loi parce que l’aménagement nous encourage à le faire, ajoute la présidente de Piétons Québec.

Un projet de loi sur la table

Les députés de l’Assemblée nationale se penchent en ce moment notamment sur un projet de loi concernant la sécurité routière. Parmi les mesures proposées, le gouvernement veut multiplier le nombre de radars photo et instaurer une limite de vitesse de 30 km/h aux abords des écoles.

Geneviève Guilbault et Bernard Drainville en conférence de presse à l'extérieur.

La vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, accompagnée du ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a annoncé son plan en matière de sécurité routière, à l'automne.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Piétons Québec aurait aimé qu’il aille plus loin, notamment en réduisant la limite par défaut de 50 km/h à 30 km/h, réduisant ainsi de beaucoup les risques de décès ou de blessures graves pour les piétons.

Ce serait 30 km/h sauf là où les municipalités décident d’autoriser une vitesse supérieure, mais ça viendrait avec en contrepartie des aménagements plus sécuritaires avec des traverses apaisées, des îlots refuges et des saillies de trottoirs, indique Jeanne Robin.

Elle propose aussi de rendre les amendes plus chères en fonction du poids et de la grosseur des véhicules pour responsabiliser les conducteurs selon le risque qu’ils représentent.

Avec des informations de Jérémie Camirand et Frédérique Guy

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