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[Reportage] Vues d’Afrique : un doublé pour la documentariste Nadia Zouaoui

La promesse d’Imane, qui a été tourné en Algérie et dont la direction de la photographie a été assurée par Sarah Salem (nouvelle fenêtre), sera en compétition au festival Films Femmes Afrique qui se tiendra du 26 avril au 4 mai, à Dakar, au Sénégal.

Une affiche de film.

La première du documentaire « La promesse d'Imane » de la réalisatrice Nadia Zouaoui, a eu lieu le samedi 13 avril 2024 au cinéma Guzzo du Marché central (Montréal) dans le cadre du 40e Festival international de cinéma Vues d'Afrique.

Photo : Sabiha Merabet / Les Productions NadiaZ Inc.

Portrait rapproché d'un homme.
Samir Bendjafer

Le Festival international de cinéma Vues d’Afrique a dévoilé dimanche dernier les lauréats de sa 40e édition, qui s’est tenue du 11 au 21 avril à Montréal.

La promesse d’Imane, réalisé par la documentariste canado-algérienne Nadia Zouaoui, s’est distingué dans deux catégories.

Il a remporté le prix du meilleur long métrage documentaire dans la catégorie Regards d’ici. Celle-ci met en compétition les productions et coproductions canadiennes.

Dans la même catégorie, le prix du court ou moyen métrage est allé à Kasaleo de Menguizani Assih. Quant à la mention spéciale du jury, elle a été partagée par Outside Center du Libano-Canadien Eli Jean Tahchi et Revenge of the Black Best Friend de Jan Keteku, Jerome Kruin et Tyrone Tommy.

Le film de Nadia Zouaoui, dont la première a eu lieu pendant le festival, a aussi obtenu une mention spéciale du jury dans la catégorie Droits de la personne ex aequo avec Le courage en plus de Laurent Chevalier et Billy Touré.

Le prix de cette catégorie a été remporté par Nome de Sana Na N’Hada.

Le film de Nadia Zouaoui a retenu l’attention du jury de la catégorie Droits de la personne parce qu'il met de l’avant le combat des femmes africaines, du Nord au Sud, pour l’égalité.

[La promesse d’Imane] souligne le difficile droit à l'égalité et le combat infatigable et toujours aussi d'actualité de la femme africaine.
Une citation de Jury de la catégorie Droits de la personne du Festival Vues d’Afrique

Certaines d'entre elles consacrent et donnent leur vie, combattent pour leurs droits et induisent un dialogue qui est essentiel à l'inclusion de tout individu pour l'avancement d'un monde plus juste, estime le jury.

Nadia Zouaoui au micro d'Isabelle Craig.

La documentariste Nadia Zouaoui

Photo : Radio-Canada / Olivier Lalande

[L'histoire rapportée par le documentaire est] très juste, touchante et sensible et est un hommage à une protagoniste qui, bien qu’elle ne soit plus là pour s’exprimer, a été présente avec nous pendant tout le visionnement, dit de son côté le jury de la catégorie Regards d’ici.

Il faut rappeler que la réalisatrice Nadia Zouaoui a déjà été primée dans le passé par le Festival.

En 2013, lors de la 29e édition, son documentaire Peur, Colère et Politique avait reçu la mention spéciale du jury de la catégorie Droits de la personne.

Violence faite aux femmes

Lors de la remise des trophées qui ont la forme d’un inukshuk en pierre, Nadia Zouaoui a dédié le prix à Imane Chibane, dont le combat féministe contre la violence envers les femmes avec d’autres jeunes filles en Algérie est au cœur du documentaire.

La documentariste était en contact avec elle depuis quelques années. Elles discutaient de la situation des femmes en Algérie et des films déjà réalisés par Nadia Zouaoui.

La promesse d'Imane, c'est une promesse que j'ai faite à une jeune femme qui se bat contre la violence contre les femmes en Algérie, qui vient de mon village [en Kabylie], une région très conservatrice.
Une citation de Nadia Zouaoui, documentariste

Un jour, cette dernière lui a demandé de faire un film sur elle.

Imane Chibane est morte tragiquement à l’âge de 26 ans, en même temps que son mari et deux autres personnes, à cause d’une fuite de gaz dans leur logement à Alger.

Le drame est survenu en février 2019, quelques jours avant le début du Hirak, le mouvement populaire prodémocratie qui avait chassé l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir.

Un écran dans une salle de projection.

Le Festival international de cinéma Vues d'Afrique s'est déroulé du 11 au 21 avril à Montréal.

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

À l’époque, beaucoup de gens sur les réseaux sociaux avaient trouvé la mort d'Imane Chibane injuste, car cette dernière aurait certainement participé au mouvement populaire. Elle l’aurait aussi couvert en tant que journaliste pour le site d’information en ligne Algérie-Direct, avec lequel elle collaborait et qui n’existe plus aujourd'hui.

Je voulais que sa voix [Imane Chibane] continue à dénoncer ce qui se passe dans mon pays d'origine. La violence contre les femmes existe partout, malheureusement, avec les nombres de féminicides partout dans le monde, affirme Nadia Zouaoui.

La différence, c’est que dans nos cultures patriarcales et très religieuses, c’est qu'on n'en parle pas parce que c'est relié à l'honneur de l'homme. Donc, on n'en parle pas. Et aujourd'hui, en 2024, il est inacceptable qu’on tue une femme à cause de l'honneur de l'homme, lance la réalisatrice.

Selon ONU Femmes, l’agence des Nations unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, [entre 2000 et 2018], plus de 640 millions de femmes âgées de 15 ans et plus ont subi des violences de la part d’un partenaire intime dans le monde.

Environ 48 800 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leur partenaire intime ou d’autres membres de leur famille en 2022. Cela signifie qu’en moyenne, plus de cinq femmes ou filles sont tuées toutes les heures par un membre de leur propre famille.

Ce reportage est également disponible en arabe

Portrait rapproché d'un homme.
Samir Bendjafer

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