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Il rapatrie ses parents de Gaza, mais craint pour le reste de sa famille

Une vingtaine de personnes posent à l'aéroport de Calgary.

Samedi soir, le père et la mère d'Oussama Zaqqout ont atterri à l'aéroport international de Calgary, où famille et amis étaient présents pour les accueillir avec beaucoup d’émotions.

Photo : Radio-Canada / Terri Trembath (CBC)

Laurence Taschereau est journaliste à Calgary.
Laurence Taschereau

Après de longs mois d’angoisse, parfois sans être en mesure de communiquer avec ses parents pendant plusieurs semaines, Oussama Zaqqout peut enfin pousser un soupir de soulagement.

Ses parents sont arrivés samedi soir en sol canadien, à Calgary.

Mes parents sont fatigués. Ils ont passé deux longues journées à voyager pour venir ici, ils vont devoir dormir un peu, dit Oussama, visiblement apaisé.

La dernière fois qu’il a vu ses parents en chair et en os remonte à l’été passé, quand ils avaient passé quelques mois à Calgary.

Cependant, deux mois avant le début d’une guerre que personne dans la famille n’avait prévue, ils sont retournés chez eux, à Gaza.

Ils ont dû être déplacés plusieurs fois pendant cette guerre, explique l’homme qui a lui-même connu plusieurs crises humanitaires. Il a déjà vécu dans un camp de réfugiées à Gaza, et a aussi travaillé pour la Croix rouge en Jordanie, en Lybie et en Syrie.

  • 1 de 3 : Les parents d’Ossama Zaqqout, ainsi que deux de ses frères, ont vécu les 5 derniers mois dans des tentes à l’ouest de Khan Younis dans la bande de Gaza., Photo : {{ pictureCredit }}Radio-Canada
  • 2 de 3 : Ossama Zaqqout a lancé une campagne de financement sur la plateforme GoFundme dans l’espoir de rapatrier au Canada 36 membres de sa famille., Photo : {{ pictureCredit }}Radio-Canada
  • 3 de 3 : Ossama Zaqqout et sa femme Fatma sont tous deux infirmiers de formation. Avec leurs quatre enfants, ils disent avoir réussi à se bâtir «une vie qui épanouis au Canada»., Photo : {{ pictureCredit }}Radio-Canada

Le plus difficile pour lui, raconte-t-il, c'est d’avoir dû vivre avec la peur constante qu’il n’allait pas réussir à les faire venir à temps.

Le plus long que j’ai passé à être sans nouvelle d’eux est deux mois.
Une citation de Oussama Zaqqout

Je me suis senti désemparé, et parfois j’ai perdu espoir, avoue-t-il.

Plus de soutien pour les Gazaouis qui veulent partir

Avec la joie qui l’habite, d’être enfin réuni avec son père et sa mère se mêle un sentiment d’impuissance, confie Oussama Zaqqout.

Lui, qui est également infirmier de formation, est en contact avec des collègues qui travaillent dans des hôpitaux de Gaza. Je suis attristé de ne pas pouvoir en faire plus, mais j'ai encore un peu d'espoir de pouvoir mettre tout le monde en sécurité, surtout ma famille.

Sa femme Fatma, leurs quatre enfants et lui sont au Canada depuis cinq ans. Il tente maintenant de faire venir sa famille élargie au pays. C’est pourquoi, en janvier, il a lancé une campagne de financement sur la plateforme GoFundMe pour faire venir 36 membres de sa famille.

Il a recueilli plus de 125 000 $ au moment où ces lignes étaient écrites, mais ce n’est pas suffisant selon lui.

Nous avons ramassé cet argent dans le but de les aider à s’établir à leur arrivée, de trouver un logement, d’avoir un fond de départ, explique Ossama Zaqqout. Or, de cet argent, il ne reste plus rien.

Tout est passé dans le processus de demande de visa pour ses parents, ses deux frères et leur famille, les frais pour se rendre en Égypte et le logement, en attendant l’obtention du visa, détaille-t-il.

Portrait d'un homme.

Ossama Zaqqout a de l’expérience en crise humanitaire. Diplômé de Harvard avec une maîtrise en santé publique, il est spécialisé dans les interventions humanitaires et a travaillé dans des contextes d'urgence et de catastrophe en Palestine, en Syrie, en Jordanie et en Libye avec, entre autres, le Comité international de la Croix-Rouge. Il a également été chef de la recherche et du développement des soins infirmiers à l'hôpital Al-Shifa à Gaza.

Photo : Radio-Canada

C’est pourquoi, bien qu’il reconnaisse au gouvernement canadien le mérite d'avoir accordé des visas de visiteur aux familles de Gaza, il demande plus de soutien pour assurer la sortie en toute sécurité des familles de résidents ou citoyens canadiens qui se trouvent encore à Gaza.

Selon lui, l'absence d’aide entraîne des charges financières considérables pour ces familles.

Par voie de communiqué Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) indiquent avoir pris connaissance de cas de personnes quittant Gaza sans l'aide du Canada.

Programme de réunification familiale

Le gouvernement a créé en janvier un programme de réunification familiale qui offre un asile temporaire aux parents, grands-parents, frères, sœurs et petits-enfants de citoyens canadiens et de résidents permanents au Canada.

Le ministère de l'Immigration avait d'abord précisé qu'il n’examinerait qu'un millier de demandes pour ce programme exceptionnel et temporaire.

Or en mars, le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, a annoncé que le Canada permettrait à davantage de personnes, (nouvelle fenêtre) coincées dans la bande de Gaza, de demander un asile temporaire.

Cette mesure ne s’applique pas aux familles qui fuient Gaza pour l’Égypte voisine. Ils doivent passer par d’autres voies d'entrée, comme des visas de résident temporaire.

Le porte-parole d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada Jeffrey MacDonald soutient toutefois que le gouvernement du Canada assure le transport de Rafah au Caire.

Pendant le séjour au Caire, le gouvernement canadien fournit la nourriture et l'hébergement pour deux jours, poursuit-il. Si la demande de visa de résident temporaire est approuvée, les personnes devront organiser elles-mêmes leur voyage au Canada.

De plus, selon M. MacDonald, une fois arrivé au Canada, un membre de leur famille qui réside déjà au pays doit se porter garant de les soutenir financièrement pour une période d’un an.

Avec des informations de Terri Trembath

Laurence Taschereau est journaliste à Calgary.
Laurence Taschereau

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