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L’entrepreneuriat à pleins gaz

L’entrepreneuriat à pleins gaz

Publié le 28 septembre 2022

Vicki Wallace-Godbout a toujours su puiser dans le dépassement de soi, même lors des moments les plus sombres. Devenue une femme d’affaires prospère aux idées innovantes pour la Première Nation malécite du Madawaska, elle est un exemple de résilience de pouvoir et de savoir autochtone, qualités qu’elle met en valeur au profit de sa communauté.

Alors que Vicki était adolescente, une enseignante de son école secondaire, à Edmundston, a cru en elle, lui permettant de sortir de sa bulle et de vaincre sa timidité. Cet appui a permis à Vicki d’acquérir une plus grande confiance en elle qui lui a été bénéfique quand elle a entrepris sa carrière d'avocate.

Pendant un certain temps, elle n’avait qu’un sandwich à se mettre sous la dent par jour, alors que ses parents traversaient une période plus pénible.

C’était une brève période difficile, mais mon père m’a toujours encouragée à poursuivre mes études et à travailler fort pour avoir du succès. Oui, cette période m’a modelée comme personne. L’insécurité alimentaire, ce n’est pas quelque chose de plaisant, mais au bout du compte, ça fait apprécier la vie et on donne plus à la communauté.

Elle a de nouveau fait preuve de résilience quand son conjoint et elle ont quitté la sécurité de Moncton pour se lancer dans un défi totalement inconnu sur une terre désignée de la Première Nation malécite du Madawaska, à Edmundston, dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick. Le risque était énorme, mais elle croyait en ce qu’elle faisait.

Aujourd’hui, à 43 ans et grâce à ces expériences ainsi qu’aux risques qu’elle a pris, elle peut apprécier les résultats de son parcours atypique et en faire profiter sa communauté.

Une femme qui traverse la rue devant une station-service.
Vicki Wallace-Godbout est à l’origine du succès du mégacentre commercial Grey Rock, à Edmundston. Photo : Radio-Canada / Yves Levesque

Le succès du mégacentre Grey Rock

Vicki Wallace-Godbout est fière quand elle voit les siens profiter des retombées économiques du mégacentre commercial Grey Rock, le long de l’autoroute 2 en face d'Edmundston, avec sa quinzaine de commerces, dont un concessionnaire automobile, un hôtel et un casino, où travaillent plus de 300 personnes.

Aujourd’hui, la communauté autochtone malécite du Madawaska figure parmi les 20 Premières Nations les plus prospères au pays, sur plus de 600.

Initialement, ç'a été un peu difficile de faire ma place , avoue-t-elle. Quand j’expliquais le projet d’ouvrir une station-service, on me disait : "­Pourquoi faire ça?" Je croyais au développement du secteur, on avait un emplacement idéal et c’était une bonne façon d’aider ma communauté à se développer économiquement. C’était un défi, car je ne connaissais pas l’industrie pétrolière à 100 %. Heureusement, j’étais entourée de gens pour nous aider et qui ont cru en nous.

Une femme devant une pompe à essence.
Vicki Wallace-Godbout se dit motivée à travailler afin d’offrir ce qu’il y a de mieux à sa famille et à sa communauté Photo : Radio-Canada / Yves Levesque

Un sandwich par jour

Ce succès, la femme d’affaires et avocate le prend avec grande fierté, mais surtout avec humilité.

« L’histoire du sandwich? C’est vrai. Mes parents ne travaillaient pas, on avait peu de revenus. Pour moi, c’est un mauvais souvenir, mais ça m’a rendue plus humble et j’apprécie davantage les choses de la vie. »

— Une citation de   Vicki Wallace-Godbout

Cette histoire l’a motivée à travailler davantage afin d’offrir ce qu’il y a de mieux à sa famille et à sa communauté, parce qu’elle comprenait que ce n’est pas tout le monde qui avait droit aux mêmes chances.

Ce texte fait partie du dossier Les gardiennes des savoirs autochtones présenté à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.

La femme d’affaires est également reconnaissante du soutien qu’elle a reçu de la part de l’enseignante Marie Boutot alors qu’elle était une élève renfermée et timide.

J’ai toujours cette pensée [envers elle] et ça m’a incitée à m’engager dans ma communauté, à faire du bénévolat, à participer à des campagnes de financement, etc. Ça m’a aussi servi dans ma pratique du droit, avec les plaidoiries et des discours devant des groupes, raconte-t-elle.

Une femme qui fait un signe de la main à un camion remorque.
Plus de 10 000 véhicules par jour circulent dans le secteur du mégacentre Grey Rock, à Edmundston. Photo : Radio-Canada / Yves Levesque

Un modèle d’équipe partagé avec les siens

La femme d’affaires respectée qui a surmonté la pauvreté et le racisme accepte qu’on dise qu’elle est un exemple à suivre, à condition que ses succès rejaillissent sur l’équipe qui l’a accompagnée pour surmonter ces défis.

Elle souligne la contribution de trois femmes conseillères et du chef de bande, qui sont des modèles incroyables parce qu’ils travaillent au développement économique de leur Première Nation.

Quand on pense à la gestion d’une entreprise, les gens me voient comme un modèle. On me questionne constamment pour comprendre notre fonctionnement économique ou pour avoir des conseils en affaires. On a pris des risques, il y avait des inconnus, il a fallu discuter et puis convaincre, précise Vicki Wallace-Godbout.

La femme d’affaires se réjouit que les retombées économiques de Grey Rock soient bénéfique pour l’ensemble de la Première Nation avec la création d’emplois, et aussi dans d’autres domaines, dont celui de l’immobilier.

Dix ans après sa création, le mégacentre Grey Rock, avec tous ses services, est devenu un incontournable, à la porte d’entrée des Maritimes. Plus de 10 000 voitures circulent dans ce secteur chaque jour. La station-service Shell que possède Vicki Wallace-Godbout est parmi les plus achalandées de l’enseigne au pays.

Cet arrêt ne sert pas seulement à faire le plein ou à faire une pause pour manger. Le mégacentre est une source de libération et d’indépendance pour la Première Nation par rapport aux gouvernements, explique Vicki Wallace-Godbout.

« Toutes les Premières Nations veulent devenir indépendantes financièrement des gouvernements et opérer de manière individuelle. C’est incroyable comment on donne de l’espoir aux communautés quand on réussit à se libérer financièrement. »

— Une citation de   Vicki Wallace-Godbout

On voit d’autres Premières Nations au Nouveau-Brunswick qui se portent super bien depuis qu’elles font du développement économique. Voir l’inspiration, l’espoir et la fierté dans les yeux des gens des Premières Nations, c’est ce qui me réjouit le plus, précise celle qui travaille avec d’autres partenaires afin de mettre sur pied de nouveaux projets économiques similaires pour donner de l’autonomie à d’autres communautés autochtones.

C’est un objectif que je me suis donné, mais je sais que ça ne se fera pas du jour au lendemain, affirme-t-elle.

Une femme devant une pancarte.
Les mots vérité et réconciliation résonnent fortement dans le cœur de Vicki Wallace-Godbout. Photo : Radio-Canada / Yves Levesque

Vérité et réconciliation

Les mots vérité et réconciliation résonnent fortement dans le cœur de Vicki Wallace-Godbout. Elle revendique, que ce soit par ses paroles ou par ses actes, une plus grande reconnaissance de la contribution humaine et économique des Premières Nations.

Plus jeune, elle mentionne avoir connu la gêne de vivre dans une réserve. Maintenant, sa fierté de faire partie de sa communauté autochtone rayonne sur ses proches.

Il faut éduquer la population sur les droits des Autochtones, notre raison d'être à travers les traités, les avantages, la raison des commissions, le pourquoi des génocides. Il y a un enseignement à faire. Je me vois comme un pilier et c’est pourquoi je n’hésite jamais à donner des conférences ou des entrevues, souligne l’avocate de formation.

Elle est ravie que le gouvernement fédéral ait instauré la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre. Elle sera de la fête à la Première Nation malécite du Madawaska, c’est certain.

« J'ai ce sentiment dans mon coeur, un besoin de faire connaître les injustices que les Premières Nations ont vécues et de faire valoir pourquoi c’est important de les appuyer dans leurs projets de développement économique. »

— Une citation de   Vicki Wallace-Godbout

Une journée de reconnaissance, c’est excellent. Plus ça va, plus je suis fière de ma culture. C’est important de parler des Premières Nations. C’est un de mes devoirs.

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