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« On a été sacrifiés pour sauver Winnipeg »

« On a été sacrifiés pour sauver Winnipeg »

Texte et photos : Delphine Jung

Publié le 17 avril 2024

Au printemps 2011, le gouvernement manitobain prend une décision qui marque encore aujourd’hui les Premières Nations situées au nord de la capitale : choisir d’inonder leurs terres plutôt que Winnipeg. Perte de lien avec le territoire, pauvreté, dépendances… Les communautés autochtones touchées dénoncent les contrecoups de cette opération qui se font toujours sentir 13 ans plus tard.

Une carte montrant l'emplacement de plusieurs communautés autochtones au nord de Winnipeg, au Manitoba.

Une décision politique
Une décision politique

Depuis 2011, ce n’est que la troisième fois que Mervin Sinclair, un Ojibwé, remet les pieds dans ce qui fut la communauté de Lake St. Martin avant l’inondation qui l’a ravagée.

Impossible de déceler de la tristesse dans son regard, masqué derrière les verres opaques de ses lunettes de soleil. C’est dans sa voix qu’on sent toute l’émotion qui gagne cet aîné.

Mervin Sinclair marche dans la nature.
Mervin Sinclair a beaucoup de mal à revenir sur les lieux de ce qui fut la communauté de Lake St. Martin. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

C’est très difficile pour moi de revenir ici. Je deviens très émotif, raconte-t-il, avant d’évoquer une crise humanitaire pour parler de ce qu’a traversé – et de ce que continue de traverser – Lake St. Martin.

Le long du lac du même nom, Mervin Sinclair s’arrête plusieurs fois. Il y a tellement de souvenirs ici… J’ai du mal à venir ici, souffle-t-il, devant le cimetière qui semble avoir survécu à la montée des eaux.

Du doigt, Mervin montre l’endroit où se trouvait sa maison. C’était si beau… j’avais une belle vue sur le lac, surtout en été. Je pouvais observer la nature et toute sa beauté, raconte-t-il, mélancolique.

Après 2011, sa communauté a été déplacée d’une dizaine de kilomètres, un peu plus en hauteur, et ne borde plus le lac Saint-Martin. Maintenant, je ne vois que la forêt, dit-il.

Alors qu’il poursuit sa route, Mervin Sinclair continue d’évoquer le passé, l’endroit où les maisons de ses voisins étaient construites, ce site patrimonial sur lequel ils ont trouvé un médaillon du traité que la communauté a signé au 18e siècle...

Mervin Sinclair n’est pas le seul à corriger ceux qui parlent d’une simple inondation en 2011. C’est une inondation causée par l’humain, dénonce M. Sinclair, faisant écho aux propos de bien d’autres habitants autochtones que nous avons rencontrés dans cette région située entre le lac Manitoba et le lac Winnipeg.

En 2011, le Manitoba a pris la décision de détourner la rivière Assiniboine pour protéger Winnipeg des inondations. Plusieurs communautés en ont payé le prix fort, mais les communautés autochtones semblent être celles qui en ont le plus souffert et qui en souffrent encore.

La province a d'ailleurs été reconnue en partie responsable de ces inondations, dans une décision de justice de 2021.

Cornell McLean est le chef de la communauté saulteaux de Lake Manitoba, qui longe le lac du même nom. Selon lui, le calcul gouvernemental a été simple : On a été sacrifiés pour sauver Winnipeg. Il indique que les évacués se sont retrouvés loin de la communauté entre 90 jours et six mois après l’inondation de 2011.

La communauté de Dauphin River, un peu plus à l’est, installée au bord du lac Winnipeg, a elle aussi beaucoup perdu dans son évacuation. Nous étions un peuple de pêcheurs, raconte Emery Stagg, ancien chef entre 1986 et 2011.

Emery Stagg assis sur les marches d'un perron.
Emery Stagg, qui fut chef de Dauphin River, est désormais considéré comme un aîné. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

J’ai grandi toute ma vie ici. À l'époque, il n'y avait pas de route, pas d’électricité, on se déplaçait à cheval. On allait une fois par mois se ravitailler à Saint-Martin. Les gens venaient ici pour pêcher. C’était comme un port pour eux, dit celui qui est aujourd’hui considéré comme un aîné.

Il se souvient du jour où il a dû évacuer. Les gens sont partis avec un sac de sport, ils n’ont rien sauvé, puisqu’on nous a dit qu’on serait partis une ou deux semaines. J’avais juste pris quelques vêtements, raconte-t-il.

Vivre à l’hôtel durant des années
Vivre à l’hôtel durant des années

Selon les chefs autochtones, des membres de différentes communautés vivent encore à Winnipeg, car leurs maisons ont été détruites ou infestées de rongeurs et de moisissures. Parfois, leurs puits ont été contaminés. Et les reconstructions sur place tardent, selon eux.

Une information que Service aux Autochtones Canada (SAC) nie : Toutes les évacuations liées aux inondations de 2011 ont maintenant pris fin, sauf celles qui ont trait à la Première Nation de Peguis, indique par courriel Carolane Gratton, porte-parole du ministère.

La mère de l’actuel chef de Dauphin River, par exemple, est décédée à Winnipeg, huit ans après son évacuation, sans jamais avoir pu remettre les pieds dans son territoire.

« Certains sont revenus dans leur communauté dans un cercueil. »

— Une citation de   Cornell McLean, chef de la communauté de Lake Manitoba

Selon plusieurs chefs rencontrés, les évacués ont vécu un vrai choc culturel en arrivant à Winnipeg. Il faut imaginer la vie d’une famille dans une chambre d’hôtel, parents et enfants, sans aucune possibilité d’intimité ni aucune façon de disposer d’une cuisine à eux.

Certains, totalement déracinés, sont tombés dans la drogue. Les chefs évoquent des maladies, des suicides et des jeunes devenus membres de gangs.

Pour la communauté de Lake St. Martin, on compte près de 100 membres décédés depuis leur évacuation en 2011, sur 1400 membres. Plus précisément, entre 2012 et 2016, le taux de mortalité était de 11 pour 1000 parmi les membres de la communauté. En cause pour certains, le suicide et l’itinérance. Ce n’est qu’en 2017 que la plupart des habitants ont pu regagner la communauté.

C’est comme être emprisonné. Ce mode de vie n’a rien à voir avec notre culture, décrit Cornell McLean, évoquant un déracinement.

Une femme évacuée de la réserve Lake St. Martin durant les inondations du printemps 2011 au Manitoba.
En 2017, six ans après les inondations, des centaines d’évacués de Lake St. Martin n’ont toujours pas regagné leur domicile. (Photo d'archives) Photo : Radio-Canada / Tiar Wilson

La vie dans un espace aussi restreint qu’une chambre d’hôtel a aussi conduit les services à l’enfance à prendre en charge plusieurs bambins.

Quant aux enfants restés dans leur famille, ils ont pu aller à l’école à Winnipeg, mais les chefs évoquent un choc culturel traumatisant pour eux. D’autres sont nés à Winnipeg, y ont grandi et n’ont jamais connu la communauté d’origine de leurs parents.

Chaque jour, les sinistrés devaient aller récupérer leur bon alimentaire. Trouver du travail en ville était aussi difficile pour certains et beaucoup sont tombés dans la pauvreté et l'itinérance.

SAC indique qu'en 2011, une indemnité quotidienne de 33,90 $ par adulte et 27,10 $ par enfant pour la subsistance des personnes restant à l’hôtel, ainsi que de 23,40 $ par adulte et 19 $ par enfant de moins de 12 ans pour celles restant chez des amis ou des parents, était versée. Les frais d’hébergement de toutes les personnes évacuées étaient payés.

Puis, en 2012, les évacués encore en ville bénéficiaient de 4 $ par jour par adulte et de 3,20 $ par jour pour les enfants de moins de 13 ans.

Les inondations de 2011 en chiffres

En 2011, lors de la déviation de la rivière Assiniboine, plus de 5 milliards de mètres cubes ont été déversés dans le lac Manitoba.

Le niveau de l’eau était de 249,1 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit plus de 1,4 mètre au-dessus du sommet souhaitable.

Ces inondations ont mené à l’évacuation de résidents de 18 communautés autochtones.

En date du 1er mai 2021, SAC indique avoir investi plus de 80 M$ pour protéger les communautés du Manitoba contre d’autres inondations.

En date d’avril 2024, SAC a payé environ 218 millions de dollars de frais liés aux inondations de 2011.

3000 personnes issues des Premières Nations, sur un total de 7000, ont été évacuées, principalement à Winnipeg.

En 2018, un juge manitobain a approuvé un règlement de 90 millions de dollars de compensation pour quatre communautés impactées par les inondations de 2011 : Pinaymootang, Little Saskatchewan, Lake St. Martin et Dauphin River.

En date de mars 2021, 350 nouveaux logements avaient été bâtis à Lake St. Martin. Le gouvernement ne donne pas de réponse concernant les trois dernières années.

Sources: gouvernement fédéral, gouvernement du Manitoba

Kirby Stagg, rencontré dans la communauté ojibwée de Pinaymootang, elle aussi située dans la région d’Entre-les-Lacs, acquiesce.

On a perdu beaucoup de monde à cause de la ville, et ceux qui reviennent reviennent avec leurs problèmes, raconte-t-il en remettant son bonnet en place.

L’argent ne remplacera jamais tout ce qu’ils ont perdu, ajoute-t-il.

Kirby Stagg.
Kirby Stagg estime que les gens ont énormément perdu à cause des inondations et qu'aucune somme d'argent ne pourra remplacer ces pertes. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Les témoignages se succèdent et se ressemblent. Berry McLean, conseiller à Lake Manitoba, explique qu’il a vécu 18 jours à Ashern, à une cinquantaine de kilomètres de là. Dix-huit jours durant lesquels mes enfants ont joué dans le stationnement d’un hôtel, relate-t-il.

Un retour chaotique
Un retour chaotique

Emery Stagg n’est revenu chez lui qu’en 2020. Chanceux, il avait un appartement à Winnipeg et venait de temps à autre à Dauphin River pour entretenir un minimum sa maison, située à l’entrée de la communauté.

Car, au retour, ce sont des bâtiments qui ont trempé dans l’eau durant des semaines que les gens ont retrouvés. Une perte totale pour plusieurs d’entre eux, alors que les communautés autochtones du pays souffrent déjà d’une grave crise de logement.

Dans la région d’Entre-les-Lacs, on vit à 10, 12, parfois 15 dans certaines maisons. Une situation qui a été largement aggravée par les inondations successives, car d’autres ont frappé le territoire depuis 2011.

À Dauphin River, plus de 10 ans après l’inondation, le conseil de bande a encore ses quartiers dans un préfabriqué. Nous avons réussi à sauver environ 10 maisons, témoigne M. Stagg.

À Lake St. Martin, ce n’est qu’en 2017, soit six ans après l’inondation majeure de 2011, qu’une poignée de résidents – 25 – ont pu obtenir les clés de leur nouvelle maison, selon un suivi réalisé par CBC.

Un duplex.
De nouveaux logements, parfois des duplex, ont été construits à Lake St. Martin. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

En 2011, c’est cette communauté qui a été la plus touchée, puisqu’elle a été entièrement détruite. Et elle n’a rien eu à dire sur sa relocalisation.

Le gouvernement fédéral indique qu’en date de mars 2021, 350 maisons étaient terminées dans cette communauté. Depuis, 13 logements ont été construits et cinq autres sont en cours de construction.

Le problème, c’est que plus le temps passe, plus la population de toutes ces communautés évacuées augmente. Ainsi, la construction de nouvelles maisons ne va pas au rythme de l’élan démographique.

Le gouvernement fédéral considère que les évacuations sont terminées lorsque la communauté compte plus de maisons qu’au moment des inondations. SAC explique prendre en compte la population des communautés, leur éloignement, les données du recensement sur les conditions de logement et l’Indice de bien-être des collectivités.

Berry Mclean pose devant le conseil de bande.
Berry Mclean est conseiller au conseil de bande de Lake Manitoba. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Le conseiller de Lake Manitoba, Berry McLean se plaint qu’à cause des inondations, plusieurs terrains sont devenus non constructibles.

Le gouvernement fédéral indique aussi que les projets de retour sont gérés par les communautés elles-mêmes. Mais difficile de faire revenir des résidents lorsqu’on souffre d’une éternelle pénurie de logements.

Un mode de vie impacté
Un mode de vie impacté

Peuplées de pêcheurs et d’agriculteurs, beaucoup de ces communautés ont perdu leur gagne-pain.

À Dauphin River, Emery Stagg explique que plusieurs pêcheurs ont vendu leurs licences de pêche pour survivre, et sont revenus sans rien. Il n’était plus possible pour eux de pêcher vu le nombre de déchets et de débris qui ont été entraînés vers le lac Winnipeg lors de l’inondation de 2011.

Les gens étaient désespérés, alors ils ont vendu leur moyen de subsistance. C’est comme si un fermier vendait sa ferme pour mettre de la nourriture sur sa table. Le gouvernement manitobain a acheté notre mode de vie, appuie-t-il encore.

Selon lui, alors qu’ils vivaient de la pêche commerciale, ils sont désormais contraints de toucher l’aide sociale.

Aujourd’hui, il ne reste qu’un seul pêcheur sur 54, dit-il. Témoins de ce passé, un bâtiment de pêche abandonné, des Bombardier B12 rouillés, ces sortes de petits chars utilisés pour la pêche dans cette région, et des bateaux remisés.

Un camp qui accueillait des touristes a aussi connu sa dernière saison en 2010 à Dauphin River. Aujourd’hui, il n’en reste plus rien, puisque le bâtiment principal a été détruit.

Un peu plus au sud, la communauté de Lake Manitoba a quant à elle perdu des terres agricoles. Elle comptait, avant l’inondation de 2011, cinq paysans. Deux sont encore en activité. Michael Pierre est l’un d’eux.

Devant sa maison, une trentaine de vaches au pelage épais paissent. Des veaux se blottissent contre leur mère, alors que le vent glacial déchire l’air. Michael sort de chez lui, intrigué par le beuglement de l’une d’elles. Il raconte avoir repris l’exploitation de ses grands-parents et vouloir leur faire honneur.

Comme beaucoup de gens de la communauté, il critique la construction de digues autour de chaque maison. Si les digues les protègent d’une éventuelle crue du lac, elles représentent aussi un piège lorsque les pluies sont abondantes.

En effet, il ne semble pas y avoir de système d’évacuation. Le fermier Michael Pierre raconte que régulièrement, au printemps, il doit pomper lui-même l’eau qui s’accumule sur son terrain.

Une digue couverte de neige.
La communauté de Lake Manitoba est entourée de digues comme celle-ci. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Joe Missyabit, un aîné de 74 ans, est l’autre agriculteur que compte Lake Manitoba. Selon lui, tout s’est effondré après l’inondation de 2011. Et nos plantes médicinales recommencent à peine à pousser.

Il explique que ses vaches n’ont pas eu la chance de manger du foin de qualité durant 10 ans, après l’inondation, notamment à cause de l’invasion de joncs (une sorte de roseau) le long de la côte.

Joe Missyabit.
Joe Missyabit n'a plus aucune confiance dans les gouvernements. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Lake Manitoba en a même perdu son terrain de pow-wow, son terrain de baseball et sa plage, qu’elle s’active désormais à restaurer, un peu plus au sud des dernières habitations.

À Little Saskatchewan, élus et aînés évoquent un ennui généralisé, depuis que l’agriculture et l’élevage ne sont plus possibles. Comme Albert Shorting, qui regarde avec tristesse ce qu’il reste de son champ : une barrière rouillée et brisée.

Une rancœur profonde envers les gouvernements
Une rancœur profonde envers les gouvernements

De retour à Lake St. Martin, Mervin Sinclair évoque différentes opérations, bien avant 2011, qui ont modifié la terre des Ojibwés.

Ils nous ont chassés de cette terre. De ce petit bout de terre que nous possédions, poursuit l'aîné, emmitouflé dans son manteau.

Déjà en 1970, le canal de dérivation Portage a été construit sur la rivière Assiniboine pour protéger Winnipeg. La construction de ce canal a eu un impact sur Lake St. Martin. Le niveau du lac a augmenté, inondant des terres agricoles et les transformant en marécages.

Tous reprochent au gouvernement du Manitoba d’avoir joué avec les cours d’eau et les lacs, rappelant la construction du barrage de Fairford, en 1961. À Little Saskatchewan, Muriel Woodford croit que c’est depuis ce temps que les eaux envahissent la région d’Entre-les-Lacs régulièrement.

Muriel Woodford.
Muriel Woodford en veut encore beaucoup au gouvernement. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Les Autochtones frappés par l’inondation majeure de 2011 entretiennent depuis un fort ressentiment à l’égard des gouvernements, tant provincial que fédéral. Ils estiment ne pas avoir été indemnisés à la hauteur de leurs maux.

À Lake Manitoba, le conseil souhaite que les digues érigées autour des maisons soient retirées. Joe Missyabi explique que, selon lui, lorsque le gouvernement a construit le canal de dérivation de la rivière Rouge dans les années 1960 pour protéger Winnipeg, cela a augmenté le risque d’inondations de sa communauté.

S’ils n’avaient pas construit cela, nous n’aurions pas toutes ces digues aujourd’hui, croit-il.

Un terrain couvert par la glace et des herbes hautes.
Ce terrain n'est plus utilisable aujourd'hui. Avant, on y faisait pousser du foin. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Emery Stagg en veut aussi au gouvernement pour avoir construit le canal d’urgence, au sud des communautés de Dauphin River, Lake St. Martin et Little Saskatchewan. Ce canal a été construit en vertu de la loi sur les mesures d’urgence du Manitoba, mais pas au bon endroit, selon M. Stagg.

Il raconte avoir suggéré au gouvernement de le construire plus au nord, loin de notre zone de chasse, de trappe, en vain. Selon lui, l’installation se trouve finalement au cœur de leur territoire traditionnel.

« Treize ans plus tard, on se bat encore pour récupérer notre vie. »

— Une citation de   Emery Stagg, aîné

Les membres demandent aussi plus d’aide des gouvernements pour lutter contre les problèmes de santé mentale et de dépendance.

Ils s’en fichent des Premières Nations. Ils s’inquiètent plus du sort des fermiers [blancs, NDLR] et de Winnipeg. Ça me rend malade, ça m’énerve, alors qu’on est censé être traité comme tout le monde, lâche Muriel Woodford.

Personne ne nous croit, les gens pensent qu’on ne fait que se plaindre, mais nous souffrons, lance-t-elle encore.

Du haut de ses 74 ans, Joe Missyabit n’a plus grand-chose à perdre dans ce conflit. Je deviens très émotif quand je repense à 2011. Depuis, j’ai beaucoup de colère en moi, et je ne pense pas qu’un jour ça partira. Ce qui nous a détruits, c’est l’avarice des Blancs, dit-il.

Des jeunes jouent sur un terrain à Peguis.
La communauté de Peguis, qui a été chassée de son premier territoire, près de Winnipeg, a de nouveau vécu une inondation en 2022, forçant l'évacuation de 1600 personnes. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Et pour obtenir un peu d’aide, le conseiller de Lake Manitoba, Berry McLean, estime que les communautés doivent se battre durant des années.

Certains, comme Muriel Woodford, placent beaucoup d’espoir dans le nouveau premier ministre, Wab Kinew, lui-même autochtone. Joe aussi croit en cet élu. Malgré nos demandes d'entrevue nous n'avons pas eu de retour de la part du cabinet de M. Kinew.

D’autres ont totalement perdu espoir et estiment que, peu importe la couleur politique, les Autochtones seront toujours les grands oubliés de l’histoire.

Un document réalisé par Radio-Canada Espaces autochtones

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