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La série : 8e feu

Mot des directeurs

À propos de la série

8e feu est une série provocatrice et dynamique au cœur du monde autochtone. Elle veut montrer pourquoi il est urgent de rétablir la relation que le Canada entretient depuis 500 ans avec les peuples autochtones, enlisés dans le colonialisme, les conflits et le déni.

Avec son rythme rpide et ses paysages à couper le souffle, 8e feu nous amène à la rencontre d’une surprenante nouvelle génération d’Autochtones qui sont tout le contraire des préjugés et des stéréotypes largement diffusés. Un entrepreneur britanno-colombien à la Trump qui affirme que son peuple doit « se botter le derrière et arrêter de dépendre de l’aide sociale »; un trio hip-hop de Winnipeg qui s’est illustré sur la scène musicale et qui fuit la culture de gang; un vinificateur issu des Premières Nations qui nous fait goûter son vin de grande qualité; et un chirurgien québécois qui a entrepris un périple de 4000 km pour faire rêver les jeunes Autochtones et pour créer des ponts entre les Autochtones et les non-Autochtones.

La population autochtone est celle qui connaît la croissance la plus rapide au Canada. La moitié de ses citoyens ont moins de 30 ans. Dans certaines villes de l’Ouest canadien, les Autochtones seront bientôt majoritaires. Près de la moitié d’entre eux vivent toujours dans des réserves, où les conditions de vie se rapprochent parfois de celles du tiers-monde. Mais ils sont de plus en plus nombreux à se lever et à exiger leur juste part des importantes ressources naturelles qui se trouvent sur leur territoire; et le système de justice canadien les appuie.

Cette série, c’est aussi un constat troublant. La réconciliation entre les trois peuples fondateurs, les anglophones, les francophones et les autochtones, demeure l’un des grands projets inachevés de la démocratie canadienne.

Les Autochtones revendiquent leur culture et la confiance en leur peuple. Cette série haute définition, de quatre heures, propose une rencontre avec une mosaïque de gens fascinants et complexes, à l’image de la diversité du Canada. Nous y ferons la connaissance de chefs de file, d’artistes, de militants et de penseurs émergents. Nous y examinerons les meilleures façons de changer la situation. Mais avant tout, 8e feu indiquera la voie à suivre pour bâtir une relation honorable entre eux et nous.

Présentateur et narrateur : Charles Bender
Musique : Cris Derksen
Réalisateurs-coordonnateurs : Peter John Ingles, Kelly Crichton
Premiers réalisateurs : Jo-Ann Demers, Paul Morin

Mot du directeur

Par Jean Pelletier

La réconciliation

Au moment d’écrire ces lignes, début décembre 2011, une grave crise secoue la communauté autochtone d’Attawapiskat dans le nord de l’Ontario, aux abords de la baie de James. Ottawa a mis cette communauté en tutelle, alléguant que la crise du logement qu’elle traverse est largement attribuable  à l’incapacité de ses habitants de gérer les fonds que lui verse le gouvernement fédéral. On parle de dizaines de millions de dollars. À travers le pays, le débat fait rage entre tenants et adversaires de la Loi sur les Indiens rédigée il y a presque 150 ans et toujours en vigueur. Les préjugés fusent, la tension grimpe, on entend encore les mêmes vieux clichés coloniaux. Les Autochtones font appel à l’intervention de nulle autre que l’ONU.  Le Canada et les peuples autochtones? Nous en sommes là.

Depuis presque 500 ans que dure cette relation, d’aucuns doutent encore qu’une entente puisse venir à bout de la pauvreté, la discrimination, les conflits larvés qui écrasent  toujours les Premières Nations. Et pourtant, la volonté d’une grande réconciliation persiste toujours.  Faut-il le redire, l’honneur du Canada est en jeu et sa crédibilité dans le concert des nations  dépend de sa capacité de traiter ses premiers habitants  en vertu des mêmes règles de justice et d’équité qui caractérisent les peuples libres et justes.

Le jour où cette grande réconciliation  se réalisera, ce sera alors le jour du 8e feu selon la vision autochtone. Nous avons donc voulu voir l’avenir et entendre les voix de ceux qui, non seulement y croient, mais font tout pour que la paix s’accomplisse. C’est ce que veut montrer et faire entendre cette grande série aussi bien télévisée que radiophonique et sur le web. Une entreprise menée conjointement avec des réalisateurs, recherchistes et journalistes autochtones à travers tout le Canada.

Nos équipes des réseaux anglais et français de la SRC/CBC sont parties à la recherche d’une nouvelle génération d’Autochtones, des hommes et des femmes ancrés dans leur communauté, poussés par la nécessité de changer les choses et dont les idées et l’action se situent aux antipodes des préjugés et stéréotypes encore trop largement diffusés. Notre quête a porté fruit.

Nous avons voulu, dans la réalisation de cette série, contribuer au meilleur de nos moyens aux efforts de réconciliation que l’on a observés partout au pays et ainsi projeter non seulement l’image de ce que nous sommes, mais de ce que nous pourrions être.

Jean Pelletier
Premier directeur
Information télévision (RC).

Mot du directeur

Par Mark Starowicz

C’était en 1997, je roulais en voiture dans les Rocheuses. Je me suis arrêté pour acheter un guide routier dans un magasin. Parmi les cartes de sentiers de randonnée et les cartes postales se trouvait une carte que je n’avais jamais vue auparavant. Elle me semblait  familière, mais tout de même différente de ce que je connaissais. Au premier coup d’oeil, elle ressemblait à un casse-tête de la carte de l’Amérique du Nord, avec de drôles de formes et de couleurs. C’était en fait une carte de l’Amérique du Nord avant « le premier contact », avec toutes les nations autochtones représentées comme des pays; et il y avait plus de pays que sur une carte actuelle de la Communauté économique européenne.

Bien que cette carte ne puisse pas être tout à fait précise parce que beaucoup de nations étaient nomades et n’avaient pas de frontières définies, c’était tout de même une représentation incroyablement réaliste de l’ampleur et de la diversité des premières nations du continent. En fait, selon la légende de la carte, il y avait une multitude d’autres nations, tellement qu’il n’y avait pas de place pour les mentionner toutes sur la carte. N’étaient présentes que les grandes civilisations, chacune avec sa cosmologie, ses dieux, ses langues et ses coutumes. Cette carte est restée gravée dans ma mémoire. Elle a inspiré le premier épisode du documentaire sur lequel nous travaillions à l’époque, Le Canada : une histoire populaire.

Cette diversité n’est pas uniquement une réalité du millénaire passé. Il existe aujourd’hui environ 52 langues autochtones distinctes au Canada. Les nations des Prairies sont différentes des nations forestières; les peuples du Nord-Ouest sont différents des peuples côtiers. Les Métis sont partie intégrante de l’histoire du pays. Dans le Nord, la culture des Inuits a survécu pendant des millénaires.

Le premier contact a eu lieu il y a 500 ans, quand Jacques Cartier a remonté le Saint-Laurent. Pendant les trois siècles qui ont suivi, la relation entre les Européens et les Autochtones a été une relation d’égal à égal. En fait, si les deux côtés n’avaient pas étroitement collaboré, il n’y aurait pas eu d’extension du commerce vers l’intérieur, ni de colonisation de l’Ouest. Dans les deux derniers siècles toutefois, nous avons réduit tout une galaxie continentale de nations à un archipel d’enclaves isolées et parfois misérables.

En 2017, le Canada soulignera le 150e anniversaire de la Confédération. Ce sera une très grande année. Ceux d’entre nous qui se souviennent du centenaire de 1967 se rappellent l’explosion de fierté et l’énergie créative dégagées par cet anniversaire. Les préparatifs du cent-cinquantenaire de 2017 procureront des moments de fierté, et de réflexion aussi. Nous commémorerons la guerre de 1812, le 100e anniversaire de la bataille de Vimy, de Passchendaele, de l’accession des femmes au droit de vote. Ces cinq ans menant à 2017 nous donneront l’occasion de réfléchir sur ce que nous sommes, et comment nous y sommes parvenus.

Le projet de confédération a été un succès politique est social qui a engendré un pays à partir de deux langues et deux nationalités distinctes, françaises et anglaises, constamment renouvelées par des vagues d’immigrants et de réfugiés. C’est devenu un exemple de civisme national entre des peuples de différentes cultures.

Il reste encore une tâche importante à accomplir dans le projet de Confédération pour qu’il n’échoue pas. Dans les 5 ans qui suivront, pendant que nous méditons sur ce que nous sommes et comment nous y sommes parvenus, nous devrions envisager d’établir un objectif qui soit digne de toute une génération.

Durant les cinq années précédant la Confédération se sont tenus de grands débats d’idées pour l’union, ainsi que les conférences de Charlottetown et de Québec, qui ont établi le cadre d’un accord national. Les cinq années qui nous mènent vers 2017 pourraient, si l’on y met l’énergie qu’il faut, établir au moins le cadre du prochain chapitre de la Confédération canadienne –  le chapitre manquant – le règlement des traités et le début de la réconciliation et de la reconstruction.

Le 8e feu est ancré dans le présent et est tourné vers l’avenir. Nous avons tenté d’échapper à la force de gravitation des stéréotypes dépassés et des clichés, et de tracer le portrait du Canada autochtone d’aujourd’hui. Nous avons aussi tenté de trouver de nouvelles idées et de nouveaux modèles qui pourraient façonner les futures relations entre nous. Nous avons découvert tout un monde d’énergie sociale et culturelle qui foisonnait d’idées : dans cette série télévisée, dans les émissions de radio de nos réseaux français et anglais, dans notre couverture de nouvelles à CBC et à Radio-Canada parallèlement à notre série, et dans cette communauté web. Nous espérons simplement que cela nous permettra d’accélérer le pas vers la réconciliation et de nous donner non seulement une idée de ce que nous sommes, mais également de ce à quoi nous pourrions aspirer.

Mark Starowicz
Directeur général, Programmation de documentaires
Services anglais (CBC)

6 janvier 2012, 21hÉpisode 1: Autochtones en ville

Les « Indiens du béton », voilà comment on appelle parfois les Autochtones urbains. Pendant cette heure, on découvre une grande diversité de personnages autochtones, unis par leur appartenance aux Premiers Peuples du Canada et par leur détermination à réaffirmer leur culture au sein de la population canadienne.

Notre histoire se déplace de façon dynamique dans cinq métropoles, Winnipeg, Montréal, Vancouver, Toronto et Val-d'Or, où Édith Cloutier a fait ses débuts comme aide-cuisinière et dirige maintenant un centre qui a un impact énorme sur l’ensemble de la communauté.

Nous découvrirons les voix passionnées des trois grands amis formant Winnipeg’s Most, un groupe de rap réunissant deux Autochtones et un Blanc.  À Montréal, Nakuset, adoptée dans les années 1970 par une famille juive, a renoué avec ses racines autochtones et dirige maintenant un centre d’hébergement pour femmes autochtones. Dans les rues vibrantes de Vancouver, on rencontre Herb Dixon et Leslie Varley, frère et sœur. Leslie occupe un poste supérieur au ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, tandis que son frère adoré a passé des années à essayer de se sortir de Downtown East Side, ce quartier de Vancouver tristement célèbre pour la drogue et la prostitution qui y règnent. Leur histoire dresse un portrait puissant et émouvant des liens qui les unissent.

Nous nous déplaçons à Toronto, à Montréal et à Paris pour entrer dans l’univers de l’art moderne, où l’artiste cri et irlandais Kent Monkman crée des œuvres subversives qui bousculent nos conceptions traditionnelles de l’histoire.

Steve Keewatin Sanderson, illustrateur et auteur autochtone  de bandes dessinées, s’impose visuellement en permettant une transition captivante, divertissante et originale d’une histoire à l’autre.

Nous rencontrerons Janelle Wookey, une cinéaste métis de Winnipeg, qui aide sa grand-mère à accepter son passé métis dans le film « Mémère Métis ».

Evan Adams, célèbre pour son rôle dans le film Le secret des cendres (Smoked Signals), joue un tout autre rôle dans la vie en tant que premier médecin-conseiller autochtone de la Colombie-Britannique. Taiaiake Alfred, Mohawk de Kahnawake, ex-membre de la Marine, maintenant professeur à l’Université de Victoria, nous oblige à sérieusement remettre en question les idées reçues, depuis le succès des communautés autochtones en milieu urbain jusqu’à la crédibilité du leadership autochtone à l’échelle nationale.

Réalisateur : Ryszard Hunka

Recherche : Coleen Rajotte, Charlotte Odele, Sylvène Gilchrist, Griffin Ondaatje

13 janvier 2012, 21hÉpisode 2: Le moment de vérité

Le deuxième épisode de la série est un cri du cœur aux Canadiens. Si nous n’améliorons pas notre relation avec les peuples autochtones, c’est tout le Canada qui en souffrira, et notre économie aussi. Le Canada change à vue d’œil. Des impératifs moraux et la réalité démographique du pays révèlent pourquoi nous devons travailler à améliorer cette relation.

Les Premières Nations de ce pays n’ont pas été conquises. Elles ont signé des traités pour partager les terres, ce qui signifie que quiconque souhaite exploiter leur territoire doit les consulter et s’entendre avec elles. Nous découvrons maintenant que les terres sur lesquelles nous avons confiné les Premières Nations sont une véritable mine de ressources naturelles recherchées partout dans le monde.

John Lagimodiere, un Métis de Saskatoon, tente d’expliquer à un groupe de travail les fondements d’une relation complexe et difficile entre Autochtones et non-Autochtones. Il aborde l’obscure Loi sur les Indiens et s’attaque aux mythes tenaces — « ils ont tout gratuitement » — ainsi qu’aux stéréotypes qui nous ont longtemps empêchés de bien comprendre la réalité des Autochtones.

À Québec,  nous rencontrerons deux avocats innus, Marie-Christine Gagnon et Nadir André. Ce couple a été embauché par l’un des plus importants cabinets d’avocats de la province en prévision du Plan Nord, vaste programme gouvernemental de développement des ressources des régions nordiques du Québec dans le cadre duquel la coopération des Autochtones est indispensable.

Dans cet épisode, on arpente le pays et on y découvre des gens qui cherchent à s’appuyer sur le passé pour bâtir un avenir meilleur. À Edmonton, l’humoriste Howie Miller raconte sa propre histoire avec une bonne dose d’humour noir, tandis que son fils adolescent, comédien, tente d’être un modèle pour la jeunesse autochtone.

Dans une classe de Port Perry, en Ontario, les élèves en immersion française de Nancy Hamer Strahl peignent des œuvres pour se souvenir des enfants qui sont morts dans les pensionnats. « Ces jeunes sont la génération qui devra faire en sorte que la relation fonctionne; pour cela, ils doivent confronter le passé », déclare l’enseignante. Voilà le message que cet épisode veut transmettre : cette relation trouble dure depuis 500 ans; il est grand temps de la régler!

Réalisateur : Neil Docherty

Recherche : Nathalie Bibeau, Connie Walker, Jennifer Clibbon

20 janvier 2012, 21hÉpisode 3: À qui le territoire?

Pour qu’une société puisse évoluer, elle doit pouvoir se développer et développer son territoire. Certaines communautés autochtones l’ont bien compris.

Dans la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique, les Osoyoos sont devenus les premiers Autochtones d’Amérique du Nord à posséder un vignoble. Les vins du Nk’Mip Cellar ont remporté de nombreux prix internationaux. Et depuis 2010, un jeune homme de la communauté, Justin Hall, fait partie de l’équipe de vinificateurs. Le coloré chef des Osoyoos, Clarence Louie, en est convaincu : « Le salut des Autochtones passe par le développement économique ».

Au nord du Manitoba, la collectivité Nisichawayasihk Cree Nation a créé une petite révolution en devenant partenaire du projet hydroélectrique Wuskwatim avec Manitoba Hydro. La communauté croit qu’un tel partage des revenus engendrera une forme de développement durable. Le chef, Jerry Primrose, l’admet : « Les attentes des gens face à ce projet sont énormes. » Est-ce que le barrage Wuskwatim sera à la hauteur de leurs espérances?

Les Inuits du Nunavut ont poursuivi leur rêve d’un territoire bien à eux. Le Nunavut regorge de ressources naturelles, et les débats sur ce thème sont nombreux. Pour l’homme d’affaires Harry Flaherty, il faut exploiter ces ressources, mais pas à n’importe quel prix.

En 1975, les Cris de la Baie-James signaient une entente historique. Les retombées de cette Convention sont toujours bien vivantes. Les Cris sont presque maîtres chez eux et ils goûtent à la prospérité. Le jeune Pakesso Mukash fait des allers-retours entre Montréal et son patelin, Whapmagoostui. Avec son groupe CerAmony, il chante la fierté du peuple cri.

Évidemment, les obstacles et les difficultés font partie du parcours qui mène au changement. Il y a aussi des constats d’échec à faire. Les jeunes de la communauté d’Attawapiskat au nord de l’Ontario en savent quelque chose. Leur mouvement pour obtenir une nouvelle école est devenu un symbole à l’échelle du pays. Après des années de lutte, ils ont appris que leur rêve deviendrait réalité… en 2015.

Mais les Autochtones sont conscients qu’il leur faut aller de l’avant pour assurer l’avenir des générations qui suivent. Comme le dit si bien le juriste innu Armand MacKenzie : « Les communautés autochtones devraient avoir le droit de développer leur société et leur territoire à leur rythme et comme ils le veulent. » Reste à voir si son message sera entendu.

Réalisateur : Michel Philibert

Recherche : Caroline Nepton Hotte, Marie-Claude Pednault

27 janvier 2012, 21hÉpisode 4: À la croisée des chemins

Dans ce dernier épisode, nous rencontrons des Autochtones allumés qui sont déterminés à bâtir une nouvelle relation avec le Canada.

Un éventail fascinant de jeunes artistes, d’activistes et de gens d’affaires nous proposent des façons de nous débarrasser du passé colonialiste, d’ouvrir de nouvelles voies en éducation ainsi qu’en développement économique… tout cela dans le but d’établir une nouvelle relation pour effacer les séquelles de près de 500 ans de conflit et d’injustices.

Dans une forêt du Québec, l’artiste Teharihulen Michel Savard prend une carabine et tire sur… la Loi sur les Indiens vieille de 143 ans, vestige du colonialisme qui régit encore aujourd’hui la vie de la plupart des Premières Nations.

À Wendake, Michèle Taina Audette rappelle la discrimination particulière envers les femmes autochtones par la Loi sur les Indiens. Angela Sterritt parle de son oeuvre « Les pupilles de la Couronne », qui rappelle que, chez les Premières Nations, les femmes sont les gardiennes de la culture et du territoire.

Sur un plateau de tournage à  Edmonton, le jeune producteur métis Ron E. Scott évoque le débat créé au sein de la communauté autochtone par Blackstone, sa série dramatique plutôt crue sur les politiques dans les réserves, la corruption et les problèmes de dépendance qui menacent l’évolution des peuples autochtones.

Sur la route blanche à 20 kilomètres de Natashquan, Stanley Vollant, premier chirurgien autochtone au Québec, nous explique pourquoi il a entrepris de marcher 4000 kilomètres sur les terres de son peuple : il veut faire prendre conscience aux Autochtones et aux non-Autochtones de l’importance de l’éducation et de la fierté culturelle

Au Cap-Breton, le chef Terry Paul explique comment les Micmacs de Membertou ont réussi à courtiser des multinationales et à entreprendre un véritable décollage économique grâce à une politique de transparence et à l’apport de jeunes Autochtones revenus travailler chez eux.

À Kuujjuaq, au Nunavik, la célèbre chanteuse inuite Elisapie Isaac utilise la créativité pour amener des adolescents à s’exprimer. Elle fait équipe avec Jessica Yee, dynamique Mohawk de 25 ans. Ensemble, elles travaillent à développer l’estime de soi chez les jeunes.

Réalisateurs : Denis Paquet, Paul Morin

Recherche : Carole Gagnon, Caroline Nepton Hotte, Angela Sterritt

Présentateur: Charles Bender

Charles Bender  présentateur de la série 8e feu sur Radio-Canada

Je m’appelle Charles Bender et je suis Huron-Wendate de Wendake, dans la région de Québec. Comme j’ai toujours vécu dans une ville, je suis ce que certains appellent un « Indien du béton ». Je suis devenu « officiellement » un Autochtone en 1985, quand le gouvernement canadien a changé la loi sur le statut d’Indien et a reconnu que ma mère, qui avait épousé un Blanc, était toujours Huronne-Wendat, comme son père, qui le tenait lui-même de son père.

À ce moment-là, comme j’avais 10 ans, cela ne signifiait pas grand-chose pour moi. Mais j’ai compris que cela voulait dire que j’étais comme mon grand-père, un homme grand de taille, un homme fort. Et j’en ai ressenti une grande fierté.  

J’en ai compris le vrai sens plus tard. Un été, entre le cégep et l’université, je faisais du théâtre de rue pour les touristes dans le vieux Québec. J’étais un peu perdu, et je n’étais plus sûr d’avoir envie de devenir acteur. Il me fallait plus. C’est là que j’ai rencontré une femme qui m’a beaucoup marqué. Elle revenait juste de visiter des communautés autochtones aux États-Unis, et avait rapporté un sac de guérisseur qui contenait des poils de bison blanc. Le bison blanc est un animal prophétique pour les Indiens Sioux. Elle m’a fait toucher le sac en me disant que quelque chose d’important se produirait dans ma vie. Deux jours plus tard, j’ai reçu un appel de la part des Affaires indiennes et du Nord du Canada me demandant si j’étais intéressé par faire une tournée dans les communautés du Canada pour rencontrer les jeunes Autochtones, dans le cadre d’un programme de recrutement postsecondaire. J’ai dit oui. Cela a changé ma vie. Rencontrer ces jeunes qui luttaient pour trouver et garder leur identité m’a aidé à trouver la mienne.

Et j’ai poursuivi mon chemin pour devenir acteur. J’ai joué dans des dramatiques télévisées, dans des publicités, mais ce dont je suis le plus fier, c’est le travail que j’ai fait avec le Théâtre Ondinnok, une compagnie vouée à explorer l’imaginaire autochtone et à promouvoir l’identité culturelle. Je suis également animateur d’un programme pour adolescents, C’est parti mon tipi, sur la chaîne de télévision autochtone APTN.

De nombreux non-Autochtones pensent que le fait d’être Autochtone est un privilège. Je pense que le fait d’être Autochtone est accompagné d’une responsabilité. Pour moi, il est vital de pouvoir communiquer ma passion et ma fierté d’avoir des racines huronnes-wendat.

Présentateur: Wab Kinew

Wab Kinew présentateur de 8th fire sur CBC (version anglaise de la série documentaire 8e feu)

Aho ndinawemaaganidog, Waabanakwaad indigo. Kwekwekipiness minawaa indigo. Ozaawaabiitang minawaa indizhinikaz. Pizhiw ndodem. Kakagiwaatisoonigaming ndoonjii. Nimidew.

Bonjour la Parenté! Je m’appelle Wab Kinew. Je suis un Ojibwé de Onigaming First Nation, dans le nord-ouest de l’Ontario. Imaginez les lacs les plus magnifiques, les îles et les forêts du Bouclier canadien, c’était la « cour arrière » où j’ai grandi. Je venais juste de commencer l’école primaire quand ma famille a déménagé à Winnipeg, où je vis depuis, la plupart du temps.

Quand j’étais petit, j’ai eu un songe qui me dictait de devenir gardien du calumet. Depuis, j’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de sages extraordinaires qui ont pris le temps de m’enseigner les traditions des Anishinaabe et des Lakota. Je me suis joint à la Loge Midewin, qui est la société de guérison traditionnelle et la religion des Anishinaabe. J’ai aussi fait la Danse du Soleil pendant quasiment la moitié de ma vie.

À un moment donné, j’ai refusé une bourse académique d’une université américaine pour pouvoir rester près de mon grand-père et profiter de ses connaissances. Avec le recul, je pense que c’était le bon choix, parce que, aujourd’hui, la manière traditionnelle de voir le monde des Anishinaabe est ancrée en moi, et je me suis rapproché encore un peu plus de chez moi.

Quand j’étais enfant, mes parents ont déployé beaucoup d’efforts pour me sortir de ma coquille. J’ai témoigné devant la Commission royale sur les peuples autochtones au sujet de l’immersion en langue anishinaabe que j’ai eue à l’école maternelle. Mon père, alors grand chef du traité No3, me faisait parler devant des assemblées, m’apprenant comment les gagner à ma cause dès le début.

À l’adolescence, j’étais à l’aise pour parler en public, toutefois, j’ai toujours le trac avant de prononcer les premiers mots. Je deviens encore nerveux! Avec une enfance pareille, je pense que ce n’est pas surprenant que je gagne ma vie dans la communication et que la spiritualité traditionnelle soit très importante pour moi.

Aujourd’hui, je suis reporter pour la salle de nouvelle de CBC Winnipeg (CBC News). J’y ai commencé ma carrière par hasard. J’avais écrit une lettre au Winnipeg Free Press au sujet de l’équipe de hockey du Canada. La lettre a plu à quelqu’un de CBC, qui m’a cherché dans le bottin et m’a demandé de la retranscrire pour la radio. Depuis, j’ai travaillé à la radio, voyagé partout, et, petit à petit, je suis passé aux reportages télévisés.

L’expérience la plus gratifiante que j’ai eue à CBC a été la couverture du premier événement national de la Commission de vérité et de réconciliation, qui se déroulait à Winnipeg. J’ai eu l’honneur d’y raconter le vécu de beaucoup de survivants des pensionnats indiens et même de l’un de leurs enseignants. Ce qui a été le plus significatif pour moi, c’est d’avoir pu raconter l’histoire de mon père et de ma famille. Ce reportage a accumulé prix et distinctions, mais, plus important encore, il a incité beaucoup de non-Autochtones à me dire qu’il avait suscité chez eux de l’empathie envers les survivants et leurs descendants.

Je suis également rappeur et musicien (voir plus). J’ai eu la chance de pouvoir parcourir le continent, du Texas au Yukon, pour exercer son métier. La musique m’a même mené au Royaume-Uni et en Italie. Mon objectif maintenant, avec la musique, c’est d’inciter les gens à être bien dans leur peau et dans le monde dans lequel ils vivent.

Vous pouvez télécharger gratuitement mon dernier album sur le site wabkinew.com

À certains égards, je n’ai pas beaucoup changé depuis mon jeune âge. J’avais alors mon école, mon art (le dessin) et mon sport (le hockey). Aujourd’hui, j’ai mon travail, mon art (la musique) et mon sport (les arts martiaux). Et, partant de cette base, je prends mon rôle de père très au sérieux. Je fais de mon mieux pour m’assurer que mes enfants bénéficient d’opportunités intéressantes, qu’ils aient des principes moraux et qu’ils aient beaucoup de plaisir tout au long de leur vie.

Miigwetch gipizindaawiyn.


Crédits

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Vidéastes

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Tracey Deer
Tyler Hagan
Wab Kinew
Duncan McCue
Deneze Nakehk’o
Caroline Nepton Hotte
Angie-Pepper O’Bomsawin
Coleen Rajotte
Waubgeshig Rice
Angela Sterritt
Tshiuetin Vollant
Connie Walker
Janelle Wookey
Jérémie Wookey

et merci à  Alethea Arnaquq-Baril

Générique web pour CBC (site anglais)

Première réalisatrice

Kelly Crichton

Réalisation web et coordination 

Annette Bradford

Coordination contenu web et écriture

Jennifer Clibbon

Recherche et écriture

Sylvène Gilchrist
Charlotte Odele
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Assistant à la réalisation

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Direction technique et ressources

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